Le parquet du tribunal de grande instance de Rennes, compétent pour les affaires militaires, a été saisi depuis le 31 octobre dernier pour une plainte contre X pour harcèlement sexuel, violences et harcèlement moral.
Ces faits se seraient produits au sein du Groupe des plongeurs-démineurs de la Manche, basé à Cherbourg.
La victime présumée, qui se fait appeler Arnaud, a 28 ans. Il a récemment saisi le Défenseur des droits. Il explique :
Je me suis heurté rapidement à un refus du groupe d’accepter mon affectation. Cela s’est traduit par des faits de bizutages intensifs, comme sauter du haut des quais dans la Manche, me mettre à la disposition des sous-officiers pour des tâches subalternes, recevoir des ordres de coucher avec les filles qui m’étaient désignées, quitte à me conduire en soudard. C’est mon refus de me comporter ainsi envers les femmes qui me vaudra de subir des propos homophobes, basés sur ma supposée orientation sexuelle.
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Au-delà d’un bizutage
Titulaire d’un master, plongeur qualifié dans le civil, le jeune homme avait signé en octobre 2016 un contrat d’un an, comme volontaire officier aspirant, dans la marine nationale.
Affecté au Groupement des plongeurs-démineurs (GPD), il a d’abord été cantonné à un travail d’état-major, dans les bureaux de l’unité. Mais c’est la plongée qui l’intéressait.
Son engagement a été prolongé d’un an, avec la possibilité de suivre le cours de plongeur de bord. Cette formation de 6 semaines n’est d’habitude offerte qu’aux militaires de carrière ou sous contrat. Une dérogation lui a cependant été accordée pour se présenter aux tests de sélection.
L’intéressé a obtenu des résultats insuffisants à ses tests, par manque de préparation et de motivation », observe le porte-parole de la marine nationale.
Le jeune homme indique, lui, que ces tests ne lui ont pas été proposés. Il explique en revanche être devenu le souffre-douleur de certains membres du GPD, avec des brimades et des commentaires allant bien au-delà de ce qui pourrait être considéré comme du bizutage.
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Une tentative de suicide
Un contexte de harcèlement et des difficultés dont il avait aussi fait état dans sa vie privée, et qui ont eu des effets sur son état de santé, au point que le jeune homme, pris en charge avec un suivi psychologique, fera une tentative de suicide.
Au printemps 2018, il est finalement réformé pour raisons médicales et psychologiques.
Avec cette plainte, le jeune homme veut que le harcèlement et son état de victime soient reconnus.
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Pas de commentaire de la marine nationale
La marine nationale ne veut faire aucun commentaire, dans la mesure où « la justice est saisie ». Une enquête de commandement, transmise au parquet, a écarté les faits de harcèlement.
On ignore pour le moment si le parquet va donner suite à cette plainte ou la classer sans suite.