Projeté en l’air puis passé par dessus la voiture, Louis avait atterri à 11,80 mètres du passage piéton de l’avenue Jean-Rostand de Domont (Val-d’Oise).
Un terrible accident dont l’homme de 92 ans ne s’est jamais relevé. Le 7 novembre 2015, le nonagénaire, qui avait fait la guerre en Indochine, est décédé après avoir été percuté par une voiture alors qu’il se rendait faire ses courses.
Plus de trois ans après le drame, la conductrice, Nadia, comparaissait devant le tribunal correctionnel de Pontoise pour homicide involontaire, jeudi 28 février.
« Il n’y avait personne sur le passage piéton »
À la barre, la voix tremblante, la femme de 48 ans a assuré ne pas avoir vu le vieil homme.
Je roulais à peine à 30 km/h. J’ai ralenti à la priorité à droite juste avant, il n’y avait personne sur le passage piéton. Il a dû sortir de derrière le panneau publicitaire, je n’ai pas pu le voir. Dès que j’ai senti le choc, je me suis arrêtée », déclare la prévenue.
Elle évoque également le soleil rasant qui l’éblouissait, puis sa frayeur lorsqu’elle a découvert le corps inerte de la victime derrière sa voiture.
Je pensais avoir percuté un objet ou une poubelle… »
« C’était tellement improbable qu’elle ne l’ait pas vu. Mon cœur s’est arrêté »
Alors que des témoins racontent les « cris de peur » de Nadia à sa descente du véhicule, d’autres livrent une version différente de l’accident.
Roulant juste derrière la conductrice, un automobiliste, certain à 90% que la victime traversait sur le passage piéton, déclare que la prévenue « n’a freiné qu’une fois la victime au sol ». Se trouvant à ses côtés, sa fille ajoute :
La voiture devant n’a même pas ralenti alors que l’homme traversait. C’était tellement improbable qu’elle ne l’ait pas vu. Mon cœur s’est arrêté ».
« Mon père n’a pas pu faire le mariole sur la chaussée »
« Il faut que la prévenue cesse à se mentir elle-même. Elle sait qu’il était sur le passage piéton », a plaidé l’avocate de la partie civile. Quelques instants plus tôt, la fille de la victime insistait sur la prudence de son père lors de ses sorties quotidiennes pour aller boire son café au centre-commercial Leclerc de Moisselles.
Mon père avait perdu l’usage de l’oeil gauche et marchait avec une canne. Il faisait très attention. Il n’a pas pu faire le mariole sur la chaussée. Il avait fait la guerre d’Indochine, la prudence il savait ce que c’était, il n’a pas pu traverser autrement que sur le passage protégé. »
Pour le procureur de la République, la prévenue a « manifestent commis une imprudence avec le non respect du passage piéton ». Relevant le fait qu’elle « n’a pas freiné », le magistrat, qui souligne « qu’elle était ni ivre au volant et n’avait pas de comportement grave », a requis une peine de dix-huit mois à deux ans de prison avec sursis.
C’était un accident, c’est très douloureux dans ma vie, je pense à ce monsieur tous les jours », a lâché Nadia en pleurs au terme de l’audience.
Le tribunal l’a finalement condamnée à un an de prison avec sursis.