Nestor a encore pas mal à apprendre dans la qualité du service. (©Capture d’écran )
Penvénan. Pendant des années, Nestor en a posé, des pare-brise, dans les ateliers Citroën de La Janaie, près de Rennes. « Et quand j’ai su qu’il allait être mis au rebut, je n’ai pas pu m’y résoudre », se souvient Jean-Marie Ollivier. Le Penvénanais ne supporte pas de voir les choses partir à la poubelle.
Le virus du bricolage
Résultat, il a décidé de récupérer le robot de 1,5 tonne pour le mettre dans son jardin. Forcément, avec une idée derrière la tête. Enfant déjà, celui qui allait devenir ingénieur bricolait dans la ferme familiale de Kerdeval. « J’ai baigné dans le machinisme agricole. Ça bricolait toujours à la maison. »
Et donc j’ai attrapé le virus vers 10 ans, au moment où on bricole ses premières mobylettes.
La voie est toute tracée pour le fils de paysan… une filière technique. Un bac F3, un BTS et une école d’ingénieur. De formation généraliste, il a vite pris ses marques dans l’automatisme. Pas étonnant donc de le voir développer un robot garçon de café.
Après le Bistromatik sorti en 2016, Jean-Marie Ollivier s’est comme de juste attaqué à autre chose. « Nestor ne devrait pas se limiter à servir des demis (déjà 10 000 en deux ans). Je travaille à ce qu’il puisse aussi ouvrir des bouteilles de vin. »
Cinq robots à la maison
Aujourd’hui, l’ingénieur a cinq robots chez lui. « D’ailleurs, et je remercie ma femme et mes enfants, j’ai acheté la maison en fonction de ça. Des anciens poulaillers dans la région de Rennes. J’ai acheté un chapiteau de cirque et maintenant je bosse dedans. »
J’aimerais bien mettre un violon dans les bras du robot
C’est là qu’il a conçu son nouveau bébé. Le Galtomatik. « J’ai travaillé avec un collègue, Denis Damand. Quatre mois intenses de boulot. » Un paquet d’heures de programmation pour que le robot puisse faire des galettes d’un millimètre d’épaisseur. « On voudrait maintenant aller jusqu’à la galette saucisse, hommage à ma région rennaise d’adoption. » Et idéalement l’intégrer au Bistromatik.
Jouer et apprendre
« Ça m’amuse de faire cohabiter le côté ludique et la prouesse technologique. C’est chouette de montrer au public, aux enfants que la science est accessible. » Jean-Marie Ollivier fait partie de ces ingénieurs qui adorent vulgariser leur métier.
Je pars du principe que rien n’est compliqué.
Un robot comme Nestor, c’est six moteurs qu’il faut contrôler à la perfection. « J’aime expliquer ce qu’est la mécatronique. Le mariage de la mécanique de précision avec l’informatique et l’électricité. »
Partage
Et comme Jean-Marie Ollivier n’est pas du genre à garder ses trouvailles pour lui, « quand le robot était opérationnel, il a fallu le rendre mobile. Ça a été un gros travail avec Guillaume Rondot à Rospez et d’autres qui nous ont aidés. Il fallait partager ».
Évidemment, il ne va pas en rester là. « J’ai dans la tête et dans un cahier, plein d’idées. » La suivante sera certainement autour de la musique. L’ingénieur est aussi musicien. « J’ai joué avec mon frère. Lui à l’accordéon, moi au violon. Forcément, j’aimerais bien mettre un violon dans les bras d’un robot. »
C’est de l’art
La démarche artistique est une évidence. Elle a d’ailleurs été présente dès le début pour le Bistromatik. Quand Nestor sert des demis, ce n’est pas pour remplacer un patron de bistrot mais plus sûrement pour démontrer qu’il est indispensable. De même qu’un robot qui vous sert une galette saucisse ne remplacera jamais la gouaille de l’artisan à la sortie du stade de la route de Lorient. « Je n’ai humanisé le robot qu’en lui donnant un nom. Rien de plus. »
