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Déchaînement de violence sur son compagnon, à Saint-Pierre-en-Auge : 6 ans de prison ferme

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L'homme a été condamné à 6 ans de prison ferme par le tribunal de Lisieux (Calvados).

L’homme a été condamné à 6 ans de prison ferme par le tribunal de Lisieux (Calvados). (©Le Pays d’Auge)

« Heureusement que nous avons eu cet accident et que nous n’avons tué personne… Je ne sais pas jusqu’où ça aurait été ». Pour Patrick*, qui se présente à la barre du tribunal de Lisieux (Calvados) mercredi 27 février 2019, l’accident qui s’est produit samedi 23 février 2019 à Saint-Pierre-en-Auge (Calvados) au niveau de l’intersection entre RD40 et la RD131 a mis fin à « des heures de séquestration et de sévices ». 

Relations compliquées, jusqu’au « déchaînement de violence »

Il est 23 h 10, lorsque les gendarmes et secours sont appelés. Une voiture est sur le toit. Un homme est à côté (voir encadré ci-dessous). Deux autres sont à l’intérieur : il s’agit de Patrick, et de Clément*, 39 ans.

Le premier est un habitant de Saint-Pierre-en-Auge, divorcé, père de deux enfants. Le second, originaire de Seine-Maritime, a déjà été condamné 17 fois, et a passé pas loin de 14 ans en prison. Il était incarcéré lorsque les deux hommes se sont rencontrés sur internet, en 2016. Ils avaient vécu ensemble quelques mois, avant que leur relation ne prenne fin à cause d’un vol de carte bleue.

Puis, en août 2018, Clément avait repris contact. Patrick avait accepté de l’héberger à sa sortie de prison. Les relations ont de nouveau dégénéré, après les fêtes. Jusqu’à atteindre « un déchaînement de violence », samedi 23 février 2019.

A la recherche du chien disparu 

Patrick est dans les rues de Saint-Pierre-en-Auge, lancé à la recherche de son chien disparu. Il croise son compagnon, alcoolisé, et lui demande s’il sait où est passé l’animal, avant de rentrer chez lui.

Sa « manière de demander » aurait suffi à mettre Clément hors de lui, comme il l’a expliqué aux gendarmes : 

« Je suis en dépression, cela faisait un moment que j’avais envie de m’en prendre à quelqu’un pour évacuer, pas forcément lui ».

« Cela fait froid dans le dos »

Il rentre au domicile, et donne un grand coup de poing à la victime. Le début d’un long calvaire : coup de boule, coups de pied, claques, tout y passe. L’homme est traîné par les pieds : 

« Une violence extrême, ça fait froid dans le dos », soupire maître Blin.

Les enquêteurs retrouveront des taches de sang dans tout le domicile. L’agresseur se saisit aussi d’un couteau. Il souhaite ouvrir le coffre-fort de la victime, qui contient sa carte bleue et ses clés de voiture. Patrick cède.

Clément prélève environ 300 € sur le compte de son compagnon, pour qui l’enfer est encore loin d’être terminé.

Des allers-retours jusqu’à Caen

La scène qui suit est « invraisemblable », dixit Lionel Da Costa Roma, président du tribunal. Le prévenu fait monter Patrick dans la voiture, et prend le volant, alors qu’il n’a pas le permis.

Dans un état proche « de la démence », il prend la route vers Caen (Calvados). Le compteur oscille « entre 120 et 140 km/h ». Un arrêt à Cagny (Calvados) pour retirer 260 € avec la carte de la victime, puis les voilà repartis à Saint-Pierre, où le trentenaire a oublié quelque chose.

Toujours à vive allure, il repart à Caen… et souhaite revenir vers Saint-Pierre-en-Auge. En chemin, il croise un homme qui fait du stop : bouteille de whisky en main, il veut se rendre à la rave-party qui se passe au même moment à Lisieux. En conduisant, le prévenu n’hésite pas à boire dans la bouteille de son passager…

 

Le troisième passager

À l’arrivée des secours sur les lieux de l’accident, un troisième homme se trouvait à côté de la voiture. Il souhaitait se rendre à la rave party qui avait lieu dans l’ancienne usine Plysorol à Lisieux, et a été pris en stop par le prévenu au niveau de Mondeville. Après l’accident, il ne se souvenait plus être monté dans la voiture, et pensait avoir été fauché par le véhicule. Légèrement blessé, il n’a pas porté plainte.

 

« Faîtes ce que vous avez à faire »

Jusqu’à l’accident. À Saint-Pierre-en-Auge, la voiture traverse un rond-point et fait des tonneaux. Le contrôle d’alcoolémie montre que Clément affiche un taux de 1,5 g d’alcool. Jugé en comparution immédiate mercredi 27 février 2019, il reconnaît les faits.

Au sujet de la victime, il dit : « C’est une très belle personne, j’ai de sincères regrets d’avoir fait ce genre de choses ». Mais il refuse de s’expliquer : 

« Je ne ferai pas de commentaire, ça serait trop long… Faites ce que vous avez à faire ».

Jusqu’à une cour d’assises ? 

Lorsque le président lui énumère ses condamnations passées, le prévenu, le visage tuméfié, assure : « Ça va aller crescendo, je ne suis pas à mon maximum ». « Jusqu’à une cour d’assises ? », demande Lionel Da Costa Roma. 

« Il y a des chances, promet-il. Si je ne me fous pas en l’air, un autre va morfler ».

Maître Piro, qui assure avoir « rarement vu quelqu’un avouer avec autant de précision et d’objectivité les faits », déplore que son client n’ait jamais reçu d’expertise psychiatrique.

« Un dossier qui laisse perplexe »

« C’est un dossier qui laisse perplexe et inquiet pour la suite », regrette maître Blin, qui se dit « ébranlé par de tels propos ». Après les coups reçus et l’accident, Patrick, son client, s’est vu délivrer une ITT de 30 jours. Clément devra lui verser 2 700 € de provision.

Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du ministère public en condamnant Clément, le prévenu, à 5 ans de prison ferme, et à la révocation de deux sursis de 6 mois, soit 6 ans de prison ferme.

 

*Prénoms d’emprunts


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