L’automobiliste impliquée dans l’accident qui avait coûté la vie au pompier Romain Ligonnière, le 9 septembre 2018 à Aigrefeuille-sur-Maine, a été condamnée ce mercredi 6 mars à quatre mois de prison avec sursis pour « homicide involontaire » devant le tribunal correctionnel de Nantes.
Les juges ont aussi estimé que cette conductrice de 70 ans, était « entièrement responsable » sur le plan civil des dommages subis par la famille du défunt. Le montant des dommages et intérêts qu’elle devra payer sera donc arrêté le 13 décembre 2019, lors d’une audience sur intérêts civils. Son avocat, qui avait plaidé sa relaxe, a jusqu’au 16 mars pour faire appel.
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La « fatigue » et l’alcoolémie du pompier (0,63 g d’alcool par litre de sang) avaient pourtant été invoqués lors de l’audience : il était de garde la nuit précédente à la caserne, et avait aidé un ami à faire les vendanges au cours de la journée qui avait suivi.
Le pompier était par ailleurs « tout content d’essayer » son cyclomoteur Yamaha de 125 cm3, acheté le matin-même : il s’agissait d’un modèle « assez prisé par les collectionneurs », avait expliqué l’avocate de l’assureur de la prévenue. Problème : un « bidouillage » avait été fait au niveau des freins, le pneu arrière était « monté à l’envers » et il n’avait « pas de dispositif réfléchissant ». « Il n’était absolument pas aux normes… Il était donc extrêmement dangereux« , avait-elle appuyé.
Bataille d’experts
Cette retraitée, originaire de Tiercé (Maine-et-Loire) et jusqu’alors inconnue de la justice, était malgré tout accusée par le parquet d’avoir « refusé la priorité » à ce motard dans un rond-point, le soir du drame, vers 20h30. Elle s’en était défendu lors de l’audience : la victime aurait en fait tenté de la dépasser par la droite.
Le procès avait été le théâtre d’une bataille d’experts : celui mandaté par l’assureur de la prévenue est passé « trois jours » après le drame, alors que l’expert judiciaire a attendu « dix-neuf jours », selon l’avocate de Thelem. Le rapport de 41 pages du premier est aussi « beaucoup plus détaillé » que celui du second, qui comporte « beaucoup d’approximations ». Mais l’expert judiciaire est lui « totalement objectif », selon l’avocate des victimes, à la différence de celui de l’assureur…
Guillaume Bouché, l’avocat de la retraitée, avait aussi révélé qu’il avait eu affaire au même expert judiciaire dans un autre dossier d’accident mortel. Or celui-ci avait « écrit noir sur blanc » qu’un passager avait été « éjecté du véhicule », alors qu’il avait en réalité été « désincarcéré par les pompiers » et couché sur le sol avec une couverture par-dessus…
« Madame croit dur comme fer que le motard a tenté de la dépasser par la droite, mais cela ne correspond ni à la réalité ni aux constatations techniques », avait répliqué le procureur de la République, qui avait requis six mois de prison avec sursis.