Chaque jeudi, c’est le même rituel pour les policiers municipaux de Lannion. Dès 5h30, ils repèrent les voitures stationnées illégalement sur le quai d’Aiguillon.
Dans une heure et demie, ils doivent avoir fait place nette pour que les vendeurs s’installent avant l’ouverture du marché à 8h. De trois à quatre voitures, jusqu’à six ou sept selon les semaines. Jacques Le Goux, le chef de la police municipale, est plutôt étonné que certains automobilistes n’aient toujours pas pris l’habitude de ce marché hebdomadaire :
Depuis septembre, on fait retirer de plus en plus de véhicules tous les jeudis.
La note augmente vite
Le stationnement gênant constaté, c’est tout une procédure qui s’enclenche. Sur la base d’un arrêté municipal, un procès verbal (PV) de 135 € est d’abord établi. Les policiers municipaux tentent ensuite de contacter les propriétaires des véhicules pour qu’ils viennent les chercher immédiatement.
S’ils n’y parviennent pas – ce qui est souvent le cas – le garage BodemerAuto, qui fait office de fourrière sur délégation de service public, intervient pour retirer les voitures. 117€ de plus sur la facture pour le propriétaire de l’auto concernée…
Et ce n’est pas fini : à cela s’ajoutent 6 € de garde journalière facturée par BodemerAuto. La note s’élève déjà à plus de 250 euros.
90 % des conducteurs récupèrent leur véhicule dans la journée.
Les 10 % restant, ce sont ceux qui viennent les chercher plus tard… ou jamais.
Direction la casse
Après avoir passé trois jours en fourrière, la voiture est évaluée par un expert automobile (61 € l’expertise).
Dans un rapport, il la classe dans une des trois catégories prévues par le code de la route :
– 1re catégorie : le véhicule peut être restitué en l’état à son propriétaire.
– 2e catégorie : le véhicule ne peut être restitué qu’après des réparations techniques, aux frais du propriétaire.
– 3e catégorie : là, ça se gâte sérieusement. Si le véhicule ne peut plus circuler et présente une valeur marchande estimée à moins de 765 €, c’est ce que l’on appelle une épave. Un « véhicule hors d’usage (VHU) » selon la réglementation.
Le résultat de cette expertise est envoyé au propriétaire, qui a dix jours pour récupérer sa voiture… ou pas.
Faute de nouvelles, si la voiture est classée en 1re ou 2e catégorie, elle revient aux Domaines – c’est-à-dire l’État – qui vont la revendre aux enchères.
Si elle est classée en 3e catégorie, après 30 jours en fourrière, elle sera détruite dans une casse agréée.
40 voitures détruites
A Lannion, 150 voitures ont été mises en fourrière l’année dernière et plus de 40 ont été détruites, aux frais de la municipalité. Selon l’adjoint au maire Marc Nedelec, ces voitures non récupérées coûtent chaque année près de 10 000 € à la Ville…
Le paradoxe est aussi que la destruction d’une voiture demandée par son propriétaire ne lui coûte rien : des frais sont appliqués uniquement si la casse automobile vient chercher le véhicule. Pour mémoire, il suffit de présenter une carte d’identité, la carte grise du véhicule, et de signer un certificat de destruction…