« Soixante mètres de hauteur, cela équivaut à un immeuble de vingt niveaux », souligne Guillaume Drijard, président de l’Union des comités de quartier de l’agglomération de Toulouse. La hauteur maximale des immeubles dans le cadre du projet Toulouse EuroSudOuest (TESO) – dont l’enquête publique débute jeudi 14 mars 2019 – cristallise les inquiétudes.
La création d’une ZAC d’ici fin 2019
Cette enquête publique devrait déboucher sur la création d’une Zone d’aménagement concerté (ZAC) d’ici fin 2019.
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À titre de comparaison, la résidence Minimes, située non loin de la gare Matabiau, face au canal du Midi, est un immeuble de 18 étages. « Il sera donc possible de construire encore plus haut avenue de Lyon et rue du Maroc », constate Guillaume Drijard. « Les droits à construire sont de 60 mètres de haut et l’emprise au sol n’est pas réglementée. Un promoteur pourra construire sur l’intégralité de la parcelle ».
Des volumes généraux de constructibilité
« Cela ne veut pas dire que ce plafond sera atteint sur l’ensemble du secteur », expliquait récemment Raphaël Catonnet, directeur général d’Europolia, la société publique locale d’aménagement de Toulouse Métropole. « L’enquête publique va donner des volumes généraux de constructibilité ».
Dans ce secteur, le plan guide urbain prévoit « d’organiser les gabarits des bâtiments afin de produire une diversité et des contrastes tenant compte des typologies, du contexte, des apports solaires et des vues allant de R+7 jusqu’à R+19 ».
Raser pour reconstruire
Une précision qui ne rassure pas le président de l’Union des comités de quartier :
Alors pourquoi fixer de tels droits à construire ? Cela ne met pas en confiance pour la suite…
Guillaume Drijard dit aussi regretter la politique visant à faire table rase pour tout reconstruire derrière. « Ce quartier mérite d’être regardé au cas par cas », explique-t-il. « Des immeubles pourraient être conservés pour réhabilitation, comme cela se fait dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville ».
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Ce que prévoit le projet
La première phase (2019-2022) du projet prévoit en effet la restructuration de l’avenue de Lyon après acquisition et démolition des ensembles immobiliers situés de part et d’autre de l’avenue de Lyon. Cet axe structurant reliant le faubourg Bonnefoy au centre-ville verra son gabarit passer de 18 mètres à 25 mètres.
Une voie de circulation supplémentaire sera réalisée pour porter la chaussée à 2X2 voies, dont une voie réservée aux bus en direction du centre-ville. Par ailleurs, une bande cyclable unidirectionnelle sera déployée des deux côtés de la voirie.
Des « îlots insalubres »
De son côté, Bernard Piat, qui préside l’association de quartier Cheminots Saint-Laurent, craint le développement « d’îlots insalubres » à l’entrée du centre-ville :
Certaines rues comme Chabanon ou Jumeaux risquent de ne jamais plus voir le soleil. Actuellement, les immeubles ne dépassent pas 14 mètres de hauteur. Dans l’enquête publique, la hauteur maximale sera de 35 mètres…
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Un nouveau boulevard urbain ?
Outre la réglementation en matière d’urbanisme, cet habitant critique le projet d’une voie nouvelle. Une première phase, entre le chemin du Raisin et l’avenue de Lyon, va être réalisée sur la période 2019-2022.
Long de 300 mètres, l’axe aura un gabarit de 22 mètres de largeur. Il comprendra trois voies de circulation pour les véhicules et les bus, d’une largeur de trois mètres chacune : une double voie en direction du centre-ville et une voie en direction du nord. Une bande cyclable unidirectionnelle sera créée dans chaque sens de circulation, de part et d’autre de la chaussée centrale.
Il permettra – à terme – aux automobilistes en provenance des Minimes d’emprunter cet axe sans être obligés de longer le canal du Midi pour se rendre à la gare. D’ici 2023-2024, un tronçon nord sera réalisé dans le prolongement de l’actuelle rue Pierre Cazeneuve et parallèle aux voies ferrées.
« Ce boulevard urbain intérieur sera un nouvel axe pénétrant, une échappatoire à la rocade », prévient d’emblée Bernard Piat. Ce dernier milite plutôt pour un axe réservé aux transports en commun et aux modes doux tel que le vélo.
L’association demande le report de l’enquête
En attendant, l’association a demandé au Préfet de Haute-Garonne le report de l’enquête publique prévue le 14 mars. Une demande que l’association « Non au gratte-ciel de Toulouse – Collectif pour un urbanisme citoyen » a également formulé :
La nouvelle concertation ne prend pas en compte les avis des habitants déjà exprimés dans le Plan Guide Urbain 2016. Les associations participantes aux derniers ateliers mis en place par Toulouse Métropole ne sont pas d’accord sur différents sujets de ce travail, et en particulier sur des points qui leur sont aujourd’hui imposés : les hauteurs, la présence d’un gratte-ciel gigantesque en rupture avec toutes nos aspirations, les voies de circulation, les espaces libérés qui deviendront pendant environ dix ans des friches en centre-ville, les espaces verts et/ou placettes jardinées qui ne sont pas celles retenues d’un commun accord….
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