L’usine Vitalac à Carnoët, près de Callac (Côtes d’Armor 22), c’est une petite ville dans le bourg. À peine la grille d’entrée franchie, on plonge immédiatement dans le grand bain. Entre le pont-bascule et la salle de contrôle, c’est un chassé-croisé de camions. Ceux qui viennent livrer les matières premières. Et ceux qui repartent chargés de produits élaborés destinés à la nutrition animale.
A l’intérieur de l’usine Vitalac, les mêmes va-et-vient, mais cette fois de manitous. Ils se croisent. S’entrecroisent entre les racks (ces grandes étagères métalliques) et les piles de palettes. Il ne faudra pas longtemps à ces experts du volant pour remplir deux conteneurs accolés au quai de chargement. Ils vont partir vers Le Havre et seront acheminés par bateau jusqu’en Afrique, pour nourrir porcs et volailles.
12 millions d’euros pour l’extension
Au cœur du réacteur, les imposantes mélangeuses concoctent des produits à haute valeur ajoutée. Pas moins de six écrans d’ordinateurs accolés sont nécessaires pour contrôler l’ensemble du dispositif. Tout est calculé, au gramme près pour l’élaboration des marchandises. Au centimètre près aussi pour l’organisation de la production. Même si chaque mètre carré de l’usine est optimisé, la capacité maximale a été atteinte cette année. Il va encore falloir la jouer serré jusqu’à ce que les travaux d’extension du bâtiment soient achevés.
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L’entreprise va investir 12 millions d’euros, en deux phases, pour doubler la surface de l’usine. 6 000 mètres carrés supplémentaires. La première partie du chantier sera terminée pour novembre 2016 : huit millions d’euros, essentiellement pour augmenter la capacité de stockage et développer la partie production liquide. « La deuxième phase suivra, courant 2017. Elle permettra la création d’une ligne supplémentaire pour les minéraux et prémix », détaille Julien Le Calvez, directeur commercial.
Cultiver l’indépendance
Vitalac n’a cessé de se moderniser ces dernières années. « Nous avions déjà investi quatre millions d’euros en 2009 pour une nouvelle ligne minérale et augmenter notre capacité de stockage », rappelle le directeur commercial. « Mais on peut dire qu’on investit constamment pour améliorer nos outils de productio. » C’est le prix à payer pour rester une référence sur le marché, aussi bien en France qu’à l’étranger. Encore plus quand on est une société privée indépendante et familiale, « à l’image des éleveurs », face à des immenses coopératives agricoles détenues par des géants. « Ce qui fait notre force, c’est l’indépendance de l’entreprise, c’est son ADN ». Une entreprise qui emploie 80 personnes et qui continue d’embaucher de la main-d’œuvre : « Une dizaine de personnes ont été recrutées au cours des six derniers mois. D’ici fin 2016, nous aurons une quinzaine de personnes en plus dans l’entreprise. »
Objectif de la maison : « Donner de la valeur ajoutée au travail de l’éleveur. » Et une implantation de choix en Centre-Bretagne : « Nous sommes extrêmement bien placés au cœur du marché laitier. Nous sommes déjà un bassin laitier important, mais demain la concentration de la production laitière se fera dans le Grand-Ouest », commente Julien Le Calvez.
Une société au service de l’élevage : la moitié de la production est destinée à l’élevage laitier, 40 % pour le porc, le reste en volaille. Et près de la moitié des ventes de l’entreprise s’effectue à l’export, notamment vers l’Afrique, l’Asie et l’Europe de l’est, « sur des zones dites en croissance ». Mais Vitalac, implantée face à la Vallée des Saints, est aussi prophète en son pays : « Même sur le territoire français on gagne des parts de marchés et tous les jours de nouveaux clients », assure Julien Le Calvez.