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Cajarc dans le Lot. Hommage à Annette Pelras religieuse morte sur l'échafaud pendant la Révolution

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Les Carmélites de Compiègne se préparant à monter sur l'échafaud le 17 juillet 1794.

Les Carmélites de Compiègne se préparant à monter sur l’échafaud le 17 juillet 1794.

Annette Pelras meurt sur l’échafaud dix jours avant la chute de Robespierre. Née a Cajarc, elle fait partie des 16 carmélites de Compiègne décapitées sous la Terreur, en 1794. Elle sera béatifiée en 1906.

Pour fêter dignement l’Être Suprême le 8 juin 1794, Robespierre fait enlever la guillotine de la place de la Révolution pour la dresser où s’élevait la Bastille. Sous la chaleur torride de cette fin de printemps, l’air ensanglanté suffoque tant les riverains, qu’ils obtiennent son déplacement. Le 14 juin 1794, la sinistre machine sera installée place du Trône. Là, dans les 43 derniers jours de la Terreur, on exécutera 1 306 personnes de toutes conditions dont la chapelle de Picpus (située près des fosses où les dépouilles ont été jetées) garde les noms inscrits. Soit plus de 30 guillotiné(e) s par jour. Telle est l’ambiance qui règne sur Paris en cette fin de tourmente révolutionnaire.

Sœur Henriette de la Providence (Annette Pelras)

Née le 16 juin 1760, sur le boulevard du Tour de ville à Cajarc, Annette Pelras se montre par sa fonction d’infirmière, encore plus disponible pour la communauté religieuse. « On ne saurait croire l’impression de respect que commandait le dévouement de cette généreuse carmélite » témoigne un employé de la prison.

Durant tout le procès, elle se distingue par son caractère ferme et digne de courage, défendant jusqu’au bout la cause de sa mission. Entrée au Carmel à 25 ans, sous le nom de sœur Henriette, c’est la paysanne du Quercy sur laquelle on peut compter. Une personne de devoir. Née d’une famille de douze enfants dont quatre décèdent en bas âge. Des huit enfants restants, trois autres filles entrent chez les Dames de la Charité de Nevers. Et un garçon devient prêtre, à Figeac.

La révolution et la constitution civile du clergé

En 1789 éclate la Révolution française. Le 2 novembre, les biens du clergé sont confisqués et remis à la Nation. Le 13 février 1790, les Ordres monastiques sont dissous et les vœux des religieux (ses) sont déclarés nuls. L’Assemblée Nationale invite les membres du clergé à reprendre l’état civil mais autorise les congrégations religieuses à rester dans leur couvent qui devient propriété de l’État. Le 18 août 1792, les congrégations séculières sont dissoutes et ont jusqu’au 1er octobre pour quitter leurs bâtiments. La Convention impose aux clercs et religieuses de prêter serment devant la Nation en « déclarant jurer de maintenir la liberté et l’égalité de la République ».

Arrêtées, elles sont condamnées pour « sottes pratiques de la religion »

Ces bouleversements politiques ont des répercussions sur le calme du carmel de Compiègne fondé un siècle et demi auparavant. Les religieuses souhaitent vivre et mourir en communauté dans leur maison et choisissent de prononcer, ensemble, le vœu du martyre. Refusant de prêter serment, elles sont expulsées le 14 septembre 1792. Hébergées par des familles de la ville, elles s’organisent pour continuer dans la clandestinité leur vie de prière.

En juin 1792, les premières têtes tombent. De mars 1793 à juillet 1794 c’est la Terreur. Robespierre sentant son pouvoir fragilisé, fait arrêter tous les opposants potentiels ou simplement suspectés. Pendant cette période 100 000 personnes, en France, vont être fusillées, massacrées ou guillotinées.

Un ordre de perquisition du carmel signé du 21 juin 1794 est promptement exécuté. Les 16 carmélites de Compiègne présentes sont arrêtées le lendemain et emprisonnées à la Conciergerie à Paris. Cinq jours plus tard, elles vont être jugées, prêtes à offrir leur vie.

Paradoxalement c’est la prison qui leur permet de se retrouver. Ensemble elles peuvent à nouveau vivre leur règle de vie et chanter les offices. Malgré des conditions de vie difficiles, des témoins notent « leur grand enthousiasme ». On leur accorde du pain, de l’eau et de la paille pour dormir.

Le 17 juillet, elles sont reconnues « coupables, complices et fanatiques » par le Tribunal révolutionnaire dirigé par Fouquet-Tinville.

Mme Pelras (de Cajarc) demande au juge ce qu’il entend par « fanatisme ». Celui-ci leur répond qu’il s’agit de leur attachement à la religion. « Vous allez mourir martyres » déclare-t-elle alors, à ses voisines.

On les condamne à la peine de mort, sentence accueillie par les carmélites « avec sérénité et dans la joie des cœurs ».

L’exécution a lieu dans un silence respectueux

Leur sanction est exécutée le jour même. Il y a, ce jour-là, 40 condamnés. Conduites par leur mère supérieure, les religieuses quittent la prison vers 16 h pour être transférées vers l’actuelle place de la Nation. Vêtues de blanc, elles prennent le chemin de la guillotine sur une charrette en chantant des cantiques durant tout le parcours. Le Salve Regina, le Miserere, le Te Deum résonnent dans les rues de Paris. La foule habituellement bruyante ou même vociférante, les écoute « dans un silence respectueux dont aucun exemple n’a été donné au cours de la Révolution » note un gardien. À 20 h, au pied de l’échafaud, la prieure, afin de soutenir et réconforter ses filles, demande à passer la dernière. Elle entonne le Veni Creator et reçoit l’ultime profession de foi de ses sœurs. Le bourreau est là, le tranchant de la guillotine est prêt. On appelle la plus jeune, Constance, la novice. Elle gravit les marches « joyeuse comme si elle allait à une fête » et entonne le Laudate Dominum (Louez le Seigneur tous les peuples) qui est repris par ses compagnes. La résonance des psaumes de louanges s’affaiblit à chaque exécution. Les voix sont moins nombreuses. Le même silence grave se poursuit à chaque passage à l’échafaud. « Acclamez Dieu toute la terre… Louez Dieu pour ses actions éclatantes ». Il ne reste que deux voix. Puis qu’une.

Les têtes et les corps des religieuses seront jetés, de nuit, dans l’une des fosses du cimetière de Picpus.

Onze jours plus tard, Robespierre et ses compagnons sont renversés puis exécutés. La Terreur prend fin. Les carmélites de Compiègne seront béatifiées en 1906. Leur vie, leur arrestation, leur martyr ont inspiré plusieurs œuvres (pièce, opéra, film) appelées pour la plupart « Dialogues des Carmélites » dont la plus célèbre est celle, écrite en 1948, par Georges Bernanos.

 ANDRÉ DÉCUP


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