
Résidant à Mauron, Marie-Thérèse Jézequel dit Marie-Thé, voit dans le slam une tribune d’expression libre.
« Le zodiac arrive par l’arrière
Je l’entends bondir sur la mer calme
Un mouvement de panique fait frémir la barque
Le soleil se couche sur la ligne d’horizon
Les passeurs s’agitent
Un enfant pleure
Une femme renoue son foulard […] »
Ce texte, il est signé Marie-Thérèse Jézequel. À 71 ans, cette poète de Mauron jongle avec les mots pour donner son opinion, à sa façon. Elle résume d’entrée de jeu :
Je ne déclame pas pour la performance, seulement pour faire passer des messages.
Comme dans ses lignes qui parlent d’exil.
Slameuse décomplexée
En trois minutes chrono, elle déverse son flow. A capela, elle promène l’auditeur sans costume ni décor, c’est la règle :
Le slam a ses codes.
En rythme, elle cultive une écriture plurielle entre revendications sociales et ode à la nature. Son répertoire ? Il est composé des textes qui font « autant rire que réfléchir. »
Et quitte à prendre le micro, la septuagénaire mouille le maillot.
Je suis rarement neutre, le slam est un moyen d’expression qui me permet d’interpeller le public sans artifice. Je dis ce que je pense, qu’importe l’avis des autres.
Marie-Thé n’a pas froid aux yeux. Mais plus que l’amour du micro, la truculente retraitée se passionne pour les mots.
« Pour moi, c’était comme le rap »
Juriste de formation, elle devient professeure de français et de langues étrangères en Belgique, « fonctionnaire de l’état » tient-elle à souligner avec sa verve habituelle.
C’est pour suivre sa compagne rencontrée au Bois de la Roche qu’elle change de créneau. À la retraite, elles feront de Mauron, leur ville d’adoption.
Et quand Marie-Thé ne jardine pas, elle participe à des ateliers d’écriture.
Faute de combattant, il a été remplacé par le slam. Pour moi, au départ, c’était comme le rap !
Hyperactive, la septuagénaire ne se démonte pas.
Contaminée par Aude Roberdel, médiatrice culturelle à Ploërmel communauté, galvanisée par Lhomé, slameur professionnel, elle met les deux pieds dans la culture urbaine. Sans regret.
En moins de dix ans, elle noircit une centaine de textes, dont certains dorment encore dans ses tiroirs… Une chose est sûre, Marie-Thé n’a pas encore dit son dernier mot. Elle en a encore sous le capot.
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