
Les deux jeunes Alençonnais ont pris des photos avant et après leur passage pour éteindre les néons. (©Capture d’écran)
Mercredi 3 avril 2019, au petit matin, certains commerçants du centre-ville d’Alençon (Orne) et de sa périphérie, ont eu droit à un petit mot d’encouragement.
« Vous avez bien failli payer une grosse facture d’électricité, et émettre du CO2. Heureusement que nous passions dans le coin », ironise le message.
L’annonce a été déposée par deux jeunes hommes qui se présentent comme « des militants écologistes » et qui ont passé une partie de la nuit à faire la chasse aux lumières commerciales et à la pollution lumineuse.
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Une obligation
« Nous avons éteint le néon de votre enseigne extérieure », explique d’abord la note. « En effet, celui-ci allait veiller toute la nuit, sans personne dans la rue pour en profiter.»
« Éteindre les lumières de ses enseignes la nuit, intérieures et extérieures, c’est économique, écologique et… obligatoire depuis le 1er juillet 2012 », rappellent les militants.
En réalité, cette mesure, si elle a bien été votée en 2012, est définitivement entrée en vigueur depuis le 1er juillet 2018.
Mais qu’importe, les deux veilleurs ont bien l’intention de faire respecter cette obligation qui s’applique de 1 h à 6 h du matin aux bâtiments non résidentiels*, ce qui est, pour l’instant, loin d’être le cas.
« Durant notre opération dans le centre-ville, mais aussi jusqu’à la rue de Bretagne et dans la zone commerciale à l’ouest de la ville, nous avons constaté qu’une quinzaine de magasins avaient laissé leurs lumières allumées. »
Ils ont réalisé une vidéo, reprise sur les réseaux sociaux par le groupe Europe Écologie Les Verts de l’Orne, montrant les rues d’Alençon, illuminées avant leur passage, et sombres après. Non sans glisser un mot sur les commerces qui « jouent le jeu et respectent la loi ».
Bravo au groupe de jeunes qui nous ont fait parvenir ces photos de leur action dans le centre d'Alençon !
Publiée par EELV de l'Orne sur Mercredi 3 avril 2019
Cintre et manche à balai
À l’aide d’une perche bricolée avec un manche à balai et un cintre au bout, ils ont donc rabattu eux-mêmes l’interrupteur, très souvent accessible de l’extérieur, avant de glisser leur message dans la boîte aux lettres. « Nous ne faisons pas de répression », assurent ceux qui n’ont aucunement l’intention de prévenir les forces de l’ordre.
« Nous espérons simplement que ces enseignes commerciales éteindront d’elles-mêmes leurs illuminations. »
Ils ont d’ailleurs constaté que, les nuits suivantes, certains magasins avaient bel et bien laissé leur façade dans la pénombre. « Nous ne pourrons pas être là à chaque fois et comptons sur vous pour la suite », ironisent encore les militants dans leur message aux commerçants, invitant même à aller encore plus loin : « l’obligation vaut entre 1h et 6h mais pourquoi s’arrêter là quand on peut éteindre dès la fermeture et économiser encore plus ? »
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Le message des militants, laissés dans la boîte aux lettres des commerçants. (©DR)
* À l’exclusion des installations d’éclairage destinées à assurer la protection des biens et la veille des jours fériés chômés, durant les illuminations de Noël, lors d’événements exceptionnels à caractère local définis par arrêté préfectoral ou dans les zones touristiques d’affluence exceptionnelle ou d’animation culturelle permanente.