Sur le site de Système U, à Langon (Gironde), ce vendredi matin, neuf gilets jaunes ont été délogés par des gendarmes qui ont jugé que le blocage effectué était total.
Depuis mardi matin, ils étaient entre 10 et 20 à se rendre sur ce site afin de bloquer et/ou filtrer les camions de passage.
Quatre d’entre eux ont souhaité témoigner anonymement sur les événements qui se sont déroulés, tout comme Système U qui donne sa version des faits.
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Une demande des organisateurs ?
Selon les gilets jaunes du Système U, ce point de blocage a été mis en place à la suite d’une demande d’une personne se disant de l’organisation de la mobilisation :
Un des gilets oranges de l’organisation nous a appelés au mégaphone pour nous dire de bloquer le Système U car les livraisons continuaient à se faire
Sur place, dès mardi, les gilets jaunes opèrent alors un blocage total : « Aucun camion plein ne devait sortir« , précise un des membres du groupe.
Jeudi matin, les gendarmes seraient venus sur place pour négocier :
Chez nous, il n’y a pas de porte-parole. On votait tous à mains levées. Et on était tous pour le blocage total
Les conséquences de ce vote : l’interpellation de quatre personnes et un blocage devenu filtrant, rapporte le groupe.
Trois camions par heure
Depuis, selon les gilets jaunes sur place, le filtrage était de mise avec trois camions qui avaient droit de passage chaque heure.
Sauf qu’entre temps, les membres apprennent que Mathieu Seurot, porte-parole du mouvement principal, se désolidarise des actions menées à Système U.
Plusieurs manifestants pointaient du doigt leur comportement, d’autres l’alcool, ce que les membres en question réfutent totalement :
On a poursuivi notre mouvement ici car Système U était un point stratégique
De leur côté, à Système U, ils entament vers 17h des négociations pour que le filtrage bascule à un camion par heure.
On est alors la veille de l’interpellation, et les choses vont se gâter ce vendredi.
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Les neufs gilets jaunes interpellés
Finalement, c’est à 7h ce vendredi matin que les neuf gilets jaunes présents ont été interpellés et délogés avant d’être entendus, un peu plus tard dans la matinée. Ils racontent leur version :
Nous étions trois à filtrer. Il y en avait un qui vérifiait les plaques , un autre pour la vérification générale comme l’ordre d’arrivée…
Les gendarmes, arrivés sur place, ont constaté un blocage total que les manifestants expliquent de cette façon :
Nous étions avec l’un des responsables de la plateforme Système U. Il était resté silencieux jusqu’alors. Pendant la discussion, des routiers sont arrivés et ça a créé un blocage total car nous étions occupés avec le directeur.
Amers, ils dénoncent le manque de soutien de la mobilisation principale :
On sent une grosse injustice. On est en colère
La version de Système U
Contactée, la plateforme Système U a, de son côté, démenti fermement la version des gilets jaunes :
La plateforme a été bloquée totalement de mardi à 12h jusqu’à hier matin. Aucun camion ne passait. Hier matin, il y a eu une intervention des gendarmes et on a pu avoir droit à trois camions en une heure. Cet engagement a été rompu hier vers 16h30
Chez Système U, on évoque un filtration qui ne laissait passer qu’un camion par heure : « En permanence, il y a eu des changements de situation avec une absence de cohérence. » Avant d’ajouter :
Je considère que nous avons été pris en otage. Certains camions sont restés bloqués pendant sept heures.
Et concernant les neuf interpellations, alors que les gilets jaunes évoquent « un concours de circonstance » malheureux qui a donné l’impression d’un blocage total, Système U déclare :
Cela s’appelle du mensonge. Je suis resté dix minutes avec eux. Il y avait six ou sept camions sur le parking, certains présents depuis plusieurs heures. Ils s’étaient engagés à un passage filtrant. C’était une contrainte pour nous mais on l’a acceptée. Mais cet engagement n’a pas été respecté. On reprend le droit de pouvoir travailler
En tous les cas, les neuf gilets jaunes interpellés ont été entendus par la gendarmerie dans le cadre d’une enquête pour entrave à la circulation.