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Vendée : "les Gilets jaunes veulent manger à leur faim, pas 100€ pour changer leurs fenêtres!"

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Pendant trois heures, députés et Gilets jaunes ont tenté de dialoguer

Pendant trois heures, députés et Gilets jaunes ont tenté de dialoguer (©Journal du Pays Yonnais)

Après avoir demandé au préfet de Vendée d’organiser une rencontre avec les cinq parlementaires du département, les Gilets jaunes ont obtenu gain de cause et ont pu échanger avec leurs députés de Vendée jeudi 28 novembre. Un débat qui a duré trois heures, parfois agité et qui n’a pas apaisé la colère.

LIRE AUSSI : Le préfet de Vendée au contact des Gilets jaunes

A 17 heures, Pierre Henriet, député de la 5e circonscription (Fontenay-le-Comte), Stéphane Buchou, député de la 3e circonscription (Les Sables-d’Olonne), Martine Leguille-Balloy, députée de la 4e circonscription (Les Herbiers), et les suppléants de Philippe Latombe et Patricia Gallerneau, députés de La Roche Nord et Sud, ont fait face à une délégation d’une quinzaine de Gilets jaunes venus de toute la Vendée et prêts à en découdre avec les élus.

La Vendée en jaune

La Roche-sur-Yon, Les Sables-d’Olonne, Luçon, Longeville-sur-Mer, Sainte-Hermine, Les Herbiers, Moutiers-les-Mauxfaits, Aubigny, Fontenay-le-Comte, Maillezais. Tous ces territoires étaient représentés, défendus par un Gilet jaune. Des agriculteurs, des informaticiens, des ouvriers, des aides à domicile, des autoentrepreneurs, des petits patrons, des retraités… Des citoyens à bout, « qui n’arrivent plus à boucler les fins de mois » et qui viennent « tirer la sonnette d’alarme ».

autour de la table, des Gilets jaunes venus de tout le département

Autour de la table, des Gilets jaunes venus de tout le département, ont cherché à larter les députés sur la situation qui s’enlise et qui pourrait se durcir si le Gouvernement reste sourd. (©Journal du Pays Yonnais)

C’est Roland, un Yonnais, qui lance le bal et qui demande des actes au préalable de la part du Gouvernement avant d’entrer dans le dur de la négociation.

« Il y a un problème de méthodologie de la part du Gouvernement qui ne nous entend pas et qui laisse pourrir la situation ».

Roland, comme les autres Gilets jaunes, veut des actes. Comme « le gel des taxes carburant, la baisse des salaires dans les ministères ». Des actes « symboliques » avant de « s’asseoir autour d’une table » et répondre aux quatre grands axes « qui sont le sentiment d’iniquité face à l’impôt, savoir ce que l’on fait de notre argent » et la transition écologique vécue par les Gilets jaunes comme « une manipulation énergétique ».

Pour ce Yonnais en colère,

« nous sommes à la fin d’un système qui ne fonctionne plus. il faut refaire un pacte social entre les citoyens et l’Etat ».

PIerre Henriet reconnaît « le décrochage au niveau de la démocratie ». « Pas un décrochage, c’est du dégoût. Le système politique nous dégoûte » s’insurge Daniel, retraité. « Les gens ne votent plus parce qu’ils ne sont pas écoutés », appuie Hélène, Gilet jaune à Sainte-Hermine. « Pour que ça change, il faudra passer par la révision de la constitution, que vous n’appliquez pas aujourd’hui », estime Daniel.

« On ne se défile pas »

Bousculés, les députés font face. « On ne se défile pas, on est là » se défend Martine Leguille-Balloy. « Qu’est ce que vous demandez ? La baisse des carburants ?  » Une question qui soulève un premier tollé. « Si vous nous demandez ça, c’est que vous n’avez toujours pas compris », s’énerve un Gilet jaune. « Le carburant, c’est la goutte d’essence qui a fait déborder le réservoir » lâche un autre.

« Ce qu’on veut, c’est vivre jusqu’à la fin du mois. ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Le 15 du mois, on n’a plus rien, c’est pour ca qu’on se gèle dehors depuis deux semaines. Pourquoi s’acharner avec des taxes sur ceux qui n’ont pas d’argent, et pas sur les plus riches ou les multinationales comme les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon NDLR) ? » s’interrogent Cindy, de Luçon, et François, des Sables. 

Gel des taxes, hausse du Smic, retour de l’ISF…

Nous devons nous engager à trouver des solutions, car il n’est pas normal de travailler et de ne pas pouvoir vivre dignement avec le fruit de son travail  » admet Stéphane Buchou. « Mais vous devez aussi entendre qu’on ne peut pas réparer en 18 mois quarante ans de politique. On n’est pas des magiciens ».

Des pistes de solutions, les Gilets jaunes en ont proposé :

« Ce qu’on demande, c’est le gel de la taxe carbone, une hausse significative du Smic, la révision et diminution des frais bancaires, car là encore, ce sont aux plus pauvres, à ceux qui sont à découvert que les banques prennent de l’argent. On demande aussi de stopper l’évasion fiscale, le retour de l’ISF (impôt sur la fortune NDLR) et la baisse de la CSG ».

« Le peuple a faim »

Les députés réfutent le moratoire sur la taxe carbone « nécessaire pour la transition écologique » et proposent plutôt « une compensation » correspondant au surcoût de cette taxe sur le budget des citoyens. Une idée aussitôt balayée par les Gilets Jaunes.

« Arrêtez avec vos compensations, vos aides. On n’est pas là pour mendier. On veut juste vivre de notre travail », s’emporte Hélène.

« Le futur de la planète, oui, c’est important. Mais nous, on vous parle du présent ! Le peuple est dans la rue, il a faim et M. Macron nous propose 100 € pour nos fenêtres ! C’est pas ce qu’on a besoin dans l’immédiat. on veut juste manger », appuie Sébastien. « Vous ne comprenez toujours pas ce qui se passe. Le feu est dans la rue et vous allez perdre ».

Une tension qui monte

Face à une colère qui monte, les députés tentent de désamorcer le climat de défiance. « Avec Emmanuel Macron, on se bat pour taxer les Gafa, on travaille sur la révision des frais bancaires. Quant à L’ISF, son retrait a été votée en juin dernier, juste après que les entreprises aient payé leurs impôts de l’activité 2017. L’objectif de ce retrait est de permettre à ces entreprises de réinjecter ces sommes dans leur activité pour créer de l’emploi. Les premiers effets devraient arriver en 2019. Et on vous assure que l’on contrôlera ces entreprises. Si ce n’est pas le cas, cet impôt pourra être rétabli » explique Martine Leguille-Balloy.

Des paroles qui n’apaisent pas l’assemblée, qui, au fil des réponses, s’étiole, les Gilets jaunes se retirant les uns après les autres. « C’est du bla bla », déplore un Gilet jaune au sortir de la réunion. « Il n’ont toujours pas compris ! On a faim et quand un peuple a faim… »

« Le mouvement va durer tant qu’ils ne se rendront pas compte du malaise qui s’installe », analysent Cindy et Hélène.

Ces dernières ne cachent pas, non plus leur inquiétude.

« On le voit, depuis deux semaines de mobilisation, la tension et la colère sont de plus en plus difficiles à canalyser. On l’observe tous les jours sur le terrain, certains sont fatigués, à bout, de plus en plus durs à calmer,  à raisonner et prêts à en découdre. Il va falloir que l’Etat agisse et vite. »

En attendant, la mobilisation pacifiste continue sur les péages et ronds-points. Et des actions nouvelles s’organisent pour samedi prochain. Sans oublier la marche dimanche 2 décembre à La Roche-sur-Yon avec un point de ralliement place de la Vendée à 14h30.


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