Ils ne baisseront pas la garde tant que le projet du prolongement de l’A104 (anciennement A184, Ndlr), entre Méry-sur-Oise (Val-d’Oise) et Orgeval (Yvelines), ne sera pas définitivement abandonné.
Vendredi 23 novembre, le Collectif pour la protection des riverains de l’A104 (Copra184) a tenu son assemblée générale à l’espace Gérard-Blondeau, à Maurecourt (Yvelines). Une première pour la commune, qui lutte aux côtés du collectif depuis sa création en 1991.
Combat constant
« Sans votre combat constant, nous aurions ici ce que certains hauts fonctionnaires appelaient l’autoroute du bonheur. Comme nous avons pu le constater durant ces 27 ans, les tenants de l’autoroute restent convaincus de son utilité, déplore Gérald Rutault, maire (Dvg) de Maurecourt.
Et de poursuivre : « Comment, au XXIe siècle, peut-on rester focalisé sur des projets datant des années 60 ? Par la force des choses, nous devons changer de paradigme pour le bien-être et la santé de nos concitoyens, et surtout pour la préservation de notre planète. Maurecourt a été de tous les combats du Copra184 et restera toujours à ses côtés, même si notre commune n’est plus impactée. »
Si les dernières nouvelles concernant le projet de prolongement de l’A104 sont rassurantes, le collectif reste vigilant dans ce dossier. En effet, en février dernier, Philippe Duron, président du Conseil d’orientation des infrastructures, a publié un rapport dans lequel il préconise l’arrêt des études concernant le projet de l’A104.
Dans ce rapport, il demande à ce que le dossier ne soit pas réexaminé « avant 2030 » et recommande « de ne pas prévoir une réalisation du projet avant 2038. »
Pour Victor Blot, fondateur du collectif, le combat du Copra doit s’intensifier. « Tant que ce projet démentiel ne sera pas définitivement abandonné, nous allons multiplier nos actions et poursuivre notre mobilisation », insiste-t-il. Le collectif attend d’ailleurs de pied ferme la tenue des prochaines assises de la mobilité, dont la date n’a pas encore été dévoilée.
Réfléchir à améliorer l’existant
« À ce jour, le gouvernement n’a ni infirmé ni confirmé le rapport Duron, précise Christiane Paravy, présidente du Copra 184. L’État doit absolument réfléchir à améliorer l’existant ! »
Et les propositions du collectif sont nombreuses : amélioration de la Rn184 en supprimant notamment des goulets d’étranglement, réalisation de l’échangeur prévu à l’origine entre la Rn184 et l’A14 à Saint-Germain-en-Laye, amélioration de la protection des riverains de la Rn184 (enfouissements, tunnels…), réalisation complète de la tangentielle ferrée Ouest, de Saint-Quentin-en-Yvelines à Cergy, report modal du routier sur le ferroviaire ou le fluvial ou encore le développement de transports en commun innovants.
Autre inquiétude pour le Copra184 : la date de report du projet en 2038, qui correspond à la réalisation du Port Seine Métropole Est (Psme).
Ce projet, qui prévoit la création d’une zone de 300 hectares dédiée à l’activité logistique et au trafic de conteneurs, serait réalisé dans la plaine d’Achères, face au Vieux Conflans.
« Le danger est réel et bien là, avertit Victore Blot. Le dossier peut redevenir d’actualité à tout moment lors des chantiers du Grand Paris ou encore des Jeux olympiques, qui auront lieu en 2024 à Paris. Nous resterons vigilants ! »
Quoi qu’il en soit, l’inquiétude du Copra184 est légitime, d’autant que le dossier, vieux de plus de 60 ans, revient sur le devant de la scène à intervalle régulier. Ce prolongement de l’autoroute, long de 22km qui relierait Méry-sur-Oise à l’échangeur de Poissy-Orgeval (Yvelines), impacterait au total dix communes : Méry-sur-Oise, Pierrelaye, Herblay, Éragny-sur-Oise, Saint-Ouen-l’Aumône dans le Val-d’Oise, et Conflans, Achères, Carrières-sous-Poissy et Orgeval dans les Yvelines. Le coût du projet est estimé au minimum à 3,2 milliards d’euros. Le collectif a rappelé que si le dossier se concrétisait, « il impacterait plus de 300 000 habitants et engendrerait une circulation de près de 120 000 véhicules par jour. Il ne faut pas non plus oublier que la matérialisation de cette portion de route augmenterait de 28% les gaz à effet de serre. » En clair, les conclusions des assises de la mobilité sont attendues avec impatience par le Copra184. Et Victor Blot de conclure : « Un combat est perdu d’avance quand on ne le mène pas jusqu’au bout ».