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Pays mêlois : le poulain percheron, un produit de luxe

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Audrey Mareau présentait six équidés

Audrey Mareau présentait six équidés (©l’Orne hebdo)

Sur la place qui d’ordinaire sert de parking, à l’entrée de la ville, seuls les habits humains permettaient de savoir que l’on était en 2018 et non retournés au Moyen-Âge, tant l’alignement et la multitude de robes et têtes de chevaux percherons prêtait à laisser voyager l’imaginaire.

Prestige

Évelyne Léo, venue de Mayenne, laquelle reprend le flambeau transmis par plusieurs générations d’éleveurs passionnés de chevaux percherons, décrit sans détour le contexte.

« Pour notre filière, ça se passe mieux qu’il y a 2 ou 3 ans.

Les pays émergents sont fous de la race percheronne.

Tout comme pour un sac Vuitton, acheter un percheron, c’est acheter le luxe français.

Brésiliens, chinois, coréens, veulent acheter des percherons.

Parce que le Perche est ce lieu prestigieux, certains se pavanent avec leurs chevaux.

Le percheron est pour eux un cheval « m’as-tu vu ». La robe noire, rare car le gène est récessif, augmente le prestige de cette race.

D’ailleurs, voyez, la robe noire est prédominante aujourd’hui au Mêle ».

Courir et nourrir

Pour ce faire, l’utilisation du percheron doit être multiple.

Au Japon, où partent beaucoup de jeunes percherons, les « courses de traction, avec un PMU pour chevaux de trait, boostent les achats des mâles. Un bon mâle peut valoir 1 700 €.

Mais pour renouveler le sang et regrossir les élevages, des femelles ont dernièrement été achetées.

Tandis qu’au sud du Japon, l’hippophagie est une tradition.

On mange du cheval dans tous les restos, au même prix que du bœuf de Cobé. ».

L’élevage de percheron était en voie de disparition dans les années 80-90 en raison de la baisse du prix de la viande.

« Les courses au Japon, en augmentant la demande, ont fait remonter les prix de la viande », filière de secours lorsque les poulains ne sont pas de qualité satisfaisante.

« Mais il ne faut pas partir du principe que c’est ça qui paye. À cela s’ajoute le fait que le cheval percheron, contrairement au breton, est un cheval tardif. ».

Viande de couleur(s)

« En France il n’y a plus d’abattoirs pour chevaux, même s’il y a Saint-Hilaire-du-Harcouët.

Les chevaux percherons qui partent à l’abattoir, partent en Italie ou en Espagne.

Peu savent que si le cheval est une viande rouge, le poulain est une viande blanche.

En France, il n’y a plus de boucher chevalin, si vous demandez à un boucher de bovin, il ne sait pas faire.

Or, on aimerait bien que lorsqu’ils partent à la boucherie comme ultime destination possible, nos chevaux soient tués en France. ».

Ils valent alors environ 1 300 €.

Dans son élevage de la Meule, dont elle ne vit pas, Évelyne Léo élève des bovins.

Elle présentait   sept poulains ; aucun n’ira en boucherie.

On n’en vit pas

Audrey Mareau développe quant à elle son élevage de percherons pour des concours montés, en traction, en attelage.

Elle choisit ses poulains pour leur caractère.

Aujourd’hui, son élevage compte 3 poulinières et 3 poulains, elle est au Mêle pour vendre des équidés d’une valeur de 500 à 1 500 €, mais c’est une passion dont elle ne vit pas.

Avec son père agriculteur dans la Mayenne, elle sort ses percherons dans les manifestations, fête des moissons, marchés de Noël ou participe aux championnats de France, avec sa jument de 14 ans.

Et ce qu’elle souhaiterait, c’est « plus de jeunes dans le développement de cette race ». Mais ce n’est pas un métier dont on vit, c’est une passion à partager.


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