Un premier geste important de l’exécutif semble imminent dans la crise des « gilets jaunes », dont Édouard Philippe souhaite rencontrer des représentants mardi à Matignon après avoir entendu de nombreux responsables politiques lui demander un moratoire sur la hausse des taxes affectant le carburant.
Une réunion au sommet s’est tenue lundi soir à l’Élysée autour d’Emmanuel Macron, Édouard Philippe et une dizaine de ministres, dont François de Rugy (Transition écologique) et Bruno Le Maire (Économie) qui avaient écourté un déplacement à l’étranger.
L’Elysée, laissant augurer des annonces rapidement, a rapporté que cette entrevue avait « permis d’échanger sur les réponses à apporter aux mobilisations en cours. »
Auparavant, le Premier ministre avait reçu les chefs des formations politiques représentées au Parlement. Allié du parti présidentiel La République en marche, le MoDem a fait valoir « l’urgence » d’un « geste d’apaisement ». Le Premier ministre va « annoncer un geste d’ouverture fort dans les prochains jours », a assuré le ministre de la Culture Franck Riester, convié à Matignon en tant que président du parti Agir.
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Un moratoire sur les taxes sur le carburant ?
A l’exception d’Europe Écologie-Les Verts et de Génération Écologie, toutes les formations d’opposition ont plaidé pour un « moratoire » dans la hausse prévue le 1er janvier des taxes sur le carburant, mot d’ordre initial du mouvement des « gilets jaunes » dont la dernière manifestation samedi a donné lieu à de nombreuses scènes de violence, notamment à Paris.
A droite, Laurent Wauquiez a de nouveau plaidé pour un référendum. Marine Le Pen et la France insoumise ont évoqué une dissolution de l’Assemblée, et le PS a brandi une proposition de loi de « sortie de crise » avec des mesures en faveur du pouvoir d’achat.
S’il a envoyé son Premier ministre en première ligne, Emmanuel Macron semble néanmoins à la manœuvre. Sa visite officielle en Serbie prévue mercredi et jeudi a été reportée, tout comme une réunion de travail avec des associations d’élus locaux prévue mardi après-midi.
Édouard Philippe s’exprimera mardi matin devant le groupe En marche à l’Assemblée, puis lors de la séance de questions au gouvernement. Mercredi à l’Assemblée et jeudi au Sénat, il mènera un débat, a annoncé Matignon.
Quels « gilets jaunes » à Matignon?
Le Premier ministre doit également recevoir des « gilets jaunes » à Matignon après le fiasco de vendredi, quand deux personnes seulement avaient honoré un premier rendez-vous. Déjà, les représentants des « gilets jaunes libres », qui avaient appelé dimanche à une sortie de crise, ont annoncé qu’ils ne se rendraient pas rue de Varenne, notamment pour « raisons de sécurité », ont annoncé deux d’entre eux à l’AFP.
Parmi les membres historiques les plus connus des « gilets jaunes », Éric Drouet a appelé à l’intensification du mouvement de contestation lors de nouvelles manifestations samedi prochain, plutôt que de « négocier avec un gouvernement qui perd de toute part ».
La gestion de l’ordre public est également au centre du débat politique. Déjà entendus lundi soir à l’Assemblée, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d’État Laurent Nunez s’en expliqueront mardi après-midi devant le Sénat.
Les syndicats lycéens contre les réformes dans l’Éducation nationale avaient jusqu’à présent peiné à mobiliser. Mais porté par la contestation des « gilets jaunes », le mouvement a pris de l’ampleur lundi, avec des blocages de dizaines de lycées, parfois accompagnés de violences.
Enfin, selon Bercy, les deux premières semaines d’actions des « gilets jaunes » ont déjà un impact « sévère et continu » sur l’économie.
Sur le plan judiciaire, au moins 57 personnes ont comparu lundi à Paris. Ils font partie des 139 suspects majeurs qui ont déjà été déférés au parquet de Paris, après les violences et les dégradations de samedi.
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D’importants dégâts à Paris
Au total, ce week-end, les violences ont donné lieu au chiffre record de 363 gardes à vue, dont 32 pour des mineurs, selon un nouveau bilan du parquet de Paris.
De son côté, la maire (PS) de Paris Anne Hidalgo a estimé « entre 3 et 4 millions d’euros » les dégâts causés par les violences en marge de la manifestation parisienne pour les seuls « mobiliers urbains ».
Également reçue lundi à Matignon, Mme Hidalgo a dit avoir reçu « des garanties du Premier ministre » pour une meilleure coordination à l’occasion des prochaines manifestations.
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Source : © 2018 AFP