Ce n’était visiblement pas le colocataire idéal. Un homme de 33 ans a été jugé par le tribunal correctionnel de Rouen (Seine-Maritime), lundi 3 décembre 2018, pour avoir proféré des menaces de mort et exercé des violences sur l’un de ses colocataires.
Des coups pour une histoire de papier toilette
Tout commence à Rouen, le 28 novembre 2018, Léo* demande au prévenu la somme de dix euros afin d’acheter du papier toilette, celui-ci refuse en rétorquant : « Avec dix euros tu va acheter combien de rouleaux ? ». Une dispute éclate alors, au cours de laquelle le prévenu porte plusieurs coups au visage de Léo. Ce dernier écopera de trois jours d’interruption totale de travail (ITT).
Isabelle*, une autre colocataire, intervient alors pour les séparer. Le prévenu s’enferme dans une chambre et envoie des SMS où il menace de séquestrer ses colocataires, d’imposer des rapports sexuels à Isabelle, et de s’en prendre aux animaux. Il quitte ensuite le domicile pour aller s’acheter du vin.
« Je vais tout faire sauter »
Quelques minutes plus tard, le prévenu toujours en colère et sous l’effet de l’alcool (1,54g d’alcool par litre de sang) va chercher des extincteurs dans la cave avant de s’enfermer dans la salle de bain et de menacer : « Je vais tout faire sauter ».
Apeurée Isabelle contacte alors la police, qui à son arrivée constatera qu’il tient un couteau avec la pointe vers eux et avance dans leur direction les obligeant à l’interpeller vigoureusement.
« C’est de leur faute »
Face aux juges, l’homme se trouvant en état de récidive reconnaît les violences et les menaces mais conteste avoir pointé le couteau dans la direction des policiers au moment de son interpellation. Il se défend… à sa manière :
J’ai mis une gifle à Léo car il me demandait de l’argent sans me dire pourquoi, je l’ai ensuite frappé trois fois aux côtes, j’ai dit que j’allais tout faire sauter, mais c’étaient des menaces en l’air, et pour le couteau, il était rangé dans ma poche, je ne l’ai pas pointé en direction des policiers.
Le président du tribunal s’interroge : « Vous pensez que c’est de leur faute tout cela ? ». « Oui, car Léo est bizarre quand même, il m’énervait à se croire le plus malin et le plus intelligent », répond le prévenu.
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Léo et Isabelle, présents à l’audience, se constituent parties civiles sans l’intermédiaire d’un avocat et évoquent le traumatisme qu’ils ont ressenti. Isabelle très émue et marquée ne parvient pas à s’exprimer au tribunal, Léo se fait donc son porte parole et relate :
Il frappait sans regarder, il était hystérique.
Les deux colocataires réclament 1800 euros chacun à titre de dommages et intérêts.
Prison ferme
Pour le ministère public il s’agit de faits graves commis par un prévenu qui a tenu des propos inquiétants. « Il voulait imposer des relations sexuelles à Isabelle », insiste la substitut du procureur. Elle note que le prévenu ne manifeste aucun remord et ne s’explique pas sur ses accès de violence.
Le parquet requiert une peine de huit mois d’emprisonnement dont trois avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve ainsi qu’une révocation partielle de trois mois d’un précédent sursis.
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La défense du prévenu pour sa part concède que son client est impulsif. « Avec lui, tout peut basculer en une seconde », reconnaît-il pointant toutefois les difficultés psychologiques de son client. « Il a besoin de soin. »
Le tribunal déclare le prévenu coupable des faits reprochés et le condamne à la peine de huit mois d’emprisonnement dont trois mois avec sursis et ordonne son maintien en détention**. En quittant la salle d’audience pour être ramené en détention, le prévenu laisse éclater sa colère en insultant le tribunal.
*Les prénoms ont été modifiés.
**Cette peine est susceptible d’appel. Toute personne est présumée innocente tant que toutes les voies de recours n’ont pas été épuisées.
De notre correspondant Frédéric Bernard