Parmi les principaux clients de NOMA Composites il y a Alstom, Bombardier, et la Sncf. Ce que fabrique l’entreprise située à Mauves-sur-Huisne (Orne) ?
Toutes les pièces composites (intérieur et extérieur) du TGV. Mais aussi les bouts avant (l’avant et les jupes) du TER Nat et des Intercités, ou les pièces de rechange des tramways Citadis et du métro de Paris.
Nouveau patron
Depuis juin 2018, l’usine (qui embauche 75 salariés en CDI et une vingtaine en intérim), n’appartient plus au groupe BFG International (ce dernier avait racheté NOMA Composites en 2014). Le site percheron est désormais propriété de l’entrepreneur du numérique Christophe Le Blanc, et a rejoint Mdb Technologies group.
Il se compose de NOMA composites et d’une première société que j’avais rachetée en 2016 : Mdb Design, explique le P-DG.
Mdb Design, située à Paris (15 salariés), crée et modélise les produits futurs des industries et des services de la mobilité, dont le transport collectif de voyageurs et notamment le ferroviaire, en France et à l’étranger.
Se tourner vers des marchés porteurs
Une activité en parfaite complémentarité avec celle de NOMA Composites, qui elle fabrique les pièces (petites et moyennes séries) pour l’industrie du transport et en particulier du ferroviaire.
Un savoir-faire historique (l’usine a été créée en 1958 et est basée à Mauves depuis 1967), que le nouveau patron souhaite conforter, tout en amorçant une diversification.
L’objectif d’Mdb Technologies group ?
Se positionner sur des marchés porteurs et d’avenir, répond Christophe Le Blanc.
Exemple avec la « ville intelligente » et ses équipements d’un nouveau genre : bornes de recharge électrique, panneaux d’information, abris voyageurs, habitat collectif…
NOMA Composites pourrait travailler sur un kiosque à implanter dans les gares de Pékin, en Chine. Il y a aussi le projet de cabine de réalité virtuelle, proposé à un promoteur immobilier.
Le client pourrait s’asseoir dans cette cabine désignée par Mdb Design et fabriquée par NOMA Composites afin de visiter, sans bouger, des appartements et des maisons.
Mdb Technologies group se positionne aussi sur le « smart building » (résidence moderne pour personnes âgées, cité d’étudiants), le militaire, et espère développer davantage de projets pour les autocars, autobus et le transport maritime et aérien.
Spécialisée dans l’industrie B to B (business to business), NOMA Composites veut devenir une « usine 4.0 et world class », résolument tournée vers l’avenir.
450 000 € investis
Pour y parvenir, un plan d’investissement a été défini.
En 2017, deux grandes cabines de peinture (6 mètres de long par 5 mètres de large) ont été installées, ainsi qu’une cabine « gelcoat » (résine liquide pulvérisée dans les moules pour assurer une parfaite finition).
Elles nous permettent de désormais peindre sur place les bouts avant des trains, explique Philippe Lejaye, directeur industriel.
Opérationnelles depuis octobre 2017, elles ont représenté un investissement de 450 000 €.
L’équipement, dernière génération, permet d’accroître la productivité, de réduire les délais et les émissions en optimisant les flux logistiques tout en utilisant de la peinture hydrodiluable (le solvant est remplacé par de l’eau), moins nocive pour l’homme et l’environnement.
En 2019, l’acquisition d’une machine robotisée (200 000 €) va permettre l’usinage des pièces les plus contraignantes ou difficile d’accès.
Et du matériel de scan 3D (50 000 €) permettra de vérifier minutieusement les nouvelles pièces mais aussi d’aider les clients à fabriquer celles de rechange.
Pour soulager ses équipes et rendre moins pénibles certaines tâches, Christophe Le Blanc réfléchit également à l’utilisation d’exosquelettes.
La transformation digitale, notamment par l’intelligence artificielle, peut s’appliquer dans notre industrie afin que nous soyons plus productifs, estime le P-DG. L’enjeu est de garantir, aussi, plus de sécurité au travail.
Création d’un lab
Pour devenir un site 4.0, NOMA Composite va également se doter (avant fin 2018) d’un lab, où seront testés, expérimentés des nouveaux produits, des nouveaux concepts, des solutions techniques.
L’espace dédié et équipé, entre autres, d’imprimantes 3D, permettra le maquettage à petite dimension.
Des designers pourraient être recrutés, annonce Christophe Le Blanc.
Un bureau d’études va aussi voir le jour, en 2019.
Les clients ne veulent plus des pièces mais des sous-ensembles. La force de notre groupe est que l’on peut répondre à la demande avec une offre de services intégrée, du design à la fabrication.
Pour pourvoir ces nouveaux postes, recrutement et formation sont envisagés. Une bonne nouvelle pour l’économie locale.
Qui est Christophe Le Blanc ?
Originaire de Paris, Christophe Le Blanc, 51 ans, a débuté sa carrière comme consultant en stratégie et banquier d’affaires, de 1990 à 1996. Il a ensuite travaillé pendant 11 ans pour l’industrie (de 1996 à 2007), et a notamment passé huit ans chez Alstom. « J’exerçais dans la division transport-ferroviaire où j’étais en charge des acquisitions, puis de la stratégie, des appels d’offres et des projets et enfin des services », énumère-t-il. De 2007 à 2010, changement de cap : Christophe Le Blanc est recruté au cabinet ministériel d’Éric Besson, en charge du numérique sous la présidence de Nicolas Sarkozy. De 2010 à 2015, il met en œuvre sa stratégie de transition digitale dans une entreprise bien connue : Pages jaunes. Après 2015, Christophe Le Blanc s’est consacré à son projet entrepreneurial afin de créer Mdb Technologies group. Ce qu’il a retenu de ses dernières expériences ? « Le numérique ne doit pas être considéré comme un secteur en tant que tel. Il diffuse dans tous les secteurs, y compris l’industrie, de manière horizontale. Il permet aux acteurs de se transformer afin de mieux répondre aux attentes de leurs clients et d’imaginer de nouveaux services. »