
Jacques Chirac, ici lors d’un déplacement au Brésil en 2006, s’est éteint à l’âge de 86 ans. (©Wikimedia Commons / Licence CC by 3.0)
L’ancien président de la République Jacques Chirac est mort jeudi à l’âge de 86 ans. Affaibli ces dernières années, il s’est éteint à Paris où des centaines de personnes se sont réunies spontanément. Emmanuel Macron quant à lui s’est exprimé à 20h où il a annoncé une journée de deuil national ce lundi et l’ouverture des portes de l’Elysée dès ce soir au pour rendre hommage à l’ancien dirigeant.
L’ex-locataire de l’Elysée était un amoureux des territoires, était un habitué de la Lorraine. De Metz où il a achevé sa campagne victorieuse de Nancy en passant par les Vosges où il aimait déguster une tête de veau sans oublier Nancy… il a quadrillé les quatre coins de la région pendant les batailles électorales mais aussi durant ses mandats.
On fait le point sur les événements marquants qui ont touché la région et qui sont liés de près ou de loin à la carrière de l’ancien président.
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La privatisation d’Usinor-Sacilor (1995)
Le 3 mai 1995, Jacques Chirac est toujours maire de Paris et est qualifié pour le second tour de l’élection présidentielle face à Lionel Jospin.
Ce jour-là, il effectue le dernier meeting de sa campagne d’entre-deux tours, quatre jours avant le résultat fatidique qui l’a propulsé à l’Élysée. L’ancien Premier ministre choisit Metz (Moselle) pour son dernier arrêt.
Là-bas, il s’est exprimé devant 5 000 personnes, majoritairement des ouvriers ayant voté Front national. Il a dû évoquer le dossier de la privatisation d’Usinor-Sacilor, le troisième groupe sidérurgique du monde à cette époque, qui venait de supprimer 20 000 emplois.
Quatre jours plus tard, il a été élu président de la République pour la première fois. Lors de son premier mandat, Usinor-Sacilor, redevenu Usinor en 1997, a officiellement fusionné avec Arbed et Aceralia en février 2002 pour devenir Arcelor. En 2006, Mittal Steel Company a fusionné avec Arcelor pour donner ArcelorMittal.

La crise de la sidérurgie dans le bassin lorrain. (©Archives/Wikimedia)
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L’inauguration de Smartville à Hambach (1997)
Lors de sa présidence, Jacques Chirac a également assuré l’inauguration du parc Smartville d’Hambach (Moselle), en compagnie du chancelier allemand Helmut Kohl, le 27 octobre 1997.
À cette époque, 2 000 emplois étaient annoncés dans le secteur automobile, nouveau pari industriel en Moselle. La production de voitures Smart a démarré en 1998. Finalement, elle s’apprête à être délocalisée en Chine entre 2022 et 2024, pour se concentrer désormais sur l’assemblage de Mercedes électriques dès le début des années 2020.
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Les sommets du Triangle de Weimar (1999, 2005)
Le 7 mai 1999 et le 19 mai 2005, Jacques Chirac s’est réuni à Nancy (Meurthe-et-Moselle) avec ses homologues d’Allemagne et de Pologne : le chancelier allemand Gerhard Schröder et le président polonais Aleksander Kwasniewski.
Tous trois formaient le Triangle de Weimar, s’appuyant sur des réconciliations diplomatiques. En 1999, la Pologne venait tout juste d’intégrer l’OTAN. Ces rencontres avaient pour but d’établir des stratégies communes dans l’Union européenne et effacer les tensions.
Le sommet de 2005 fut le dernier des trois chefs d’État et l’un des derniers du Triangle de Weimar, Gerhard Schröder et Aleksander Kwasniewski ayant quitté leurs fonctions cette année-là.
L’inauguration du tram sur pneus de Nancy (2000)
Le 8 décembre 2000, la ville de Nancy a inauguré son nouveau tramway sur pneus. Cette fois, le chef de l’État ne s’est pas rendu sur les lieux. C’est son épouse, Bernadette, qui a eu la charge de cette mission.
La ligne est devenue tristement célèbre pour avoir collectionné les déboires lors de sa mise en service, début 2001 : obligation de quitter le rail central par moments, tests de débugage insuffisants, vitesse trop basse… Finalement, la mise en service officielle a duré plus d’un an.
Le centre Pompidou-Metz (2003-2006)
Alors que Nicolas Sarkozy revendiquait la paternité du centre Pompidou-Metz dans son livre La France pour la vie, c’est bien Jacques Chirac qui en est le détenteur. Plus précisément, c’est son ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, qui a porté le projet, en compagnie du maire de l’époque, Jean-Marie Rausch.
Ainsi, en janvier 2003, Jacques Chirac, dans son rôle de président, a entériné la création du premier musée national délocalisé en province. Le projet du centre Pompidou-Metz est né. Le 7 novembre 2006, la première pierre de l’édifice a été posée par Claude Pompidou, la veuve de l’ancien président décédé en 1974.
Le musée a été achevé en 2009 et a été ouvert au public le 12 mai 2010.

Le chantier du centre Pompidou Metz en 2009. (©Archives/Wikimedia)
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L’inauguration de la nouvelle place Stanislas de Nancy (2005)
Lors du deuxième sommet du Triangle de Weimar, le 19 mai 2005, Jacques Chirac en a profité pour inaugurer la toute nouvelle place Stanislas de Nancy.
Le symbole de la cité ducale avait subi des travaux pour son 250e anniversaire. La place a été initialement construite entre 1751 et 1755. Elle est devenue entièrement piétonne et a retrouvé son éclat d’antan.

Jacques Chirac était présent à Nancy en 2005 pour inaugurer la nouvelle place Stanislas,. (©Archives/Service photographique de la Présidence de la République)
Le TGV Est européen (1995 – 2007)
Jacques Chirac a défendu la création du TGV Est européen qui dessert aujourd’hui la Champagne-Ardenne, la Lorraine et l’Alsace. La capitale est depuis 2017 à seulement 1h30 de Paris ou encore de Nancy. Depuis 2016, la seconde phase de ce gigantesque chantier permet aussi de relier Paris à Strasbourg en seulement 1h45…
En 1995, l’ex-président déclarait à propos de ce projet :
Le TGV-Est fait partie des tout premiers projets retenus, et je pense qu’à la fois psychologiquement et financièrement, cette décision est importante. C’est important pour la France, et notamment pour l’Alsace, mais c’est important pour l’Europe.
En mars 2007, lors d’un déjeuner à l’Elysée, il expliquait que le TGV Est européen est « un symbole de la politique d’aménagement du territoire » et « une réussite industrielle majeure ».
La LGV-Est est un symbole de la politique d’aménagement du territoire, politique que j’ai souhaitée pour la France avec des transports à la pointe, avec le haut débit partout fin 2007, avec des services publics innovants et au plus près de nos concitoyens, avec des pôles de compétitivité ambitieux sur tout le territoire.

La rame V 150 lors du record mondial de vitesse sur rail de 574,8 km/h. (©Wikimedia)
Nicolas Zaugra, Amandine Mehl et Antony Speciale