Quantcast
Channel: actu.fr - Toute l'information nationale, régionale et locale.
Viewing all articles
Browse latest Browse all 19125

Près de Rouen, la colère d'habitants privés de lumière naturelle

$
0
0
Adjia, Monique et Patrick sont déterminés à retrouver la lumière naturelle dans les fenêtres de leurs parties communes bouchées par des planches de bois.

Adjia, Monique et Patrick étaient déterminés à retrouver la lumière naturelle dans les fenêtres de leurs parties communes bouchées par des planches de bois. (©Nicolas Gaillard / Le Bulletin de l’arrondissement de Rouen)

Quartier emblématique de Darnétal ayant abrité 144 logements sociaux, Muchedent vit ses dernières années. Comme annoncé lors d’une réunion d’information aux habitants en mai 2018, la résidence Muchedent sera détruite et ne sera pas reconstruite.

Depuis plus d’un an, Logirep, bailleur social de Muchedent a lancé un plan d’action de relogement des résidents. Les habitants restants doivent se préparer à partir. Et la démolition interviendra seulement lorsqu’il ne restera plus aucun habitant. Ce qui peut prendre encore plusieurs mois car il n’existe pas de calendrier précis.

Vétusté, insalubrité, amiante, cafards, délinquance et surtout un taux d’occupation faible sont autant de raisons expliquant la fin de ce quartier excentré de Darnétal situé route de Préaux et construit en 1961.
Cet été, une enquête sociale a été menée par la cabinet Le Fresne, prestataire de Logirep. Lors de cette enquête, les attentes des habitants ont été recueillies dans le but de les reloger.

Des planches de bois bouchent les fenêtres

Avec de moins en moins d’habitants, il flotte comme un air de fin du monde à Muchedent. Dans les bâtiments C et D, les stores blancs baissés ont été remplacés par des planches de bois installées sur des fenêtres début novembre. Dans des projets de démolition, cette procédure courante est destinée à éviter que des personnes extérieures s’installent dans les logements inoccupés du rez-de-chaussée et du premier étage.

En revanche, il semble que certaines planches de bois ont été installées trop vite dans les parties communes car à certains étages il reste des habitants. C’est le cas de la porte 10 du bâtiment C. Adjia et Monique sont deux voisines qui occupent deux logements au premier étage. Ne comportant pas d’ascenseur, elles doivent prendre un escalier pour accéder à leurs appartements. Leurs parties communes ont été plongées dans l’obscurité.

Rapidement, une personne triste de cette situation qualifiée de « héros anonyme » a retiré cette planche de bois et elles ont pu retrouver la lumière naturelle. Mais mercredi 12 décembre, l’entreprise ayant installé les planches de bois est revenue boucher la fenêtre.

« On est en prison, on se sent enfermé »

Ce retour forcé à l’obscurité a été une source de colère et de tension pour les deux voisines.

On est en prison, c’est comme si on nous mettait des barreaux. Et encore, les prisonniers ont de l’air et de la lumière », s’indigne Adjia.

D’autant que l’éclairage à l’électricité des escaliers comporte un minuteur qui s’éteint automatiquement.

On se sent enfermé, on a besoin d’air », ajoute Monique.

Leur voisin âgé du deuxième étage et sous assistance respiratoire était aussi concerné.
Jeudi 13 décembre, la tension était palpable à Muchedent. La gardienne de la résidence leur a expliqué que ces planches de bois étaient nécessaires afin d’éviter que « des intrus » s’introduisent. Le ton est monté et il n’était plus possible de dialoguer.

Colère et tensions

Désemparées mais non résignées, les deux voisines ne comptaient pas en rester là. Elles ont reçu le soutien de Patrick, un résident d’un autre bâtiment non concerné. Il ne décolérait pas contre le bailleur social :

Ils poussent les gens à partir en les persécutant et en leur rabaissant le moral. C’est une atteinte à leurs droits de locataire. Ils profitent de la situation des personnes âgées. 

Des travailleurs sociaux de proximité avaient aussi constaté cette situation. Scandalisé, l’un d’entre eux avait signalé ce problème :

Je pense que cette méthode est indigne d’un bailleur social. En 20 ans de métier, je n’ai jamais vu une situation où on bouche les parties communes des bâtiments alors qu’il reste des résidents pas encore partis. C’est comme si on les enterrait vivants.

Pour lui, cette situation était plus qu’anormale :

Normalement dans un projet de démolition, il faut attendre que les locataires soient partis pour murer les parties communes.

Les responsables de Logirep très surpris

Du côté du bailleur social, les responsables de Logirep contactés par la Rédaction tombent de haut. Danièle Figère, chef du département clientèle de Logirep et Philippe Lebouc, chef du renouvellement urbain à Logirep ont été surpris par cette situation :

Ce n’est pas une pratique habituelle chez Logirep. On s’efforce de sécuriser les bâtiments tout en maintenant un cadre de vie décent pour les locataires restants.

Selon eux, les planches de bois présentes dans les parties communes devaient être prochainement retirées. Et c’est ce qu’il s’est passé. Depuis la parution de cet article dans Le Bulletin de l’arrondissement de Rouen en début de semaine, les habitants ont confirmé, avec soulagement, que les planches de bois ont été enlevées. Leur espoir tant attendu pour Noël est arrivé : ils ont enfin retrouvé la lumière du soleil dans leurs parties communes.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 19125

Trending Articles



<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>