Pour un peu Christian* (47 ans) ne se serait jamais retrouvé ce jeudi 20 décembre 2018 devant le tribunal de grande instance de Caen (Calvados), mis en cause pour des violences commises sur sa compagne et la fille de celle-ci, entre 2015 et 2018. Trois ans que cette femme et sa fille de 9 ans subissent les coups de ce pêcheur, sans en parler. Mais c’était compter sans la perspicacité des gendarmes.
Des violences sur fond d’alcool
En octobre dernier, croisant une femme qui fait ses courses dans un supermarché, des gendarmes constatent qu’elle présente un hématome à l’œil. Elle prétend être tombée dans les escaliers. Peu convaincus, ils lui demandent de se présenter le lendemain à la gendarmerie. Alors, Maryline*, d’abord retentissante, commence à parler de « violence ordinaire ». Pacsée depuis trois ans elle dit être maltraitée depuis autant de temps.
C’est un homme qui peut être gentil comme un agneau, mais chaque fois qu’il n’est pas en mer, il boit. Il peut commencer le rosé le matin et écluser une bouteille de Ricard dans la journée. Alors, il nous insulte ma fille et moi, nous donne des coups de poing, nous tire les cheveux. J’arrête, j’en ai trop dit.
Cette audition ne donnera pas suite à une plainte.
« Je dois protéger ma maman »
Lorsque Lilou*, la fille de Maryline âgée de 9 ans est interrogée par les enquêteurs, ils se retrouvent face à une enfant trop mûre pour son âge, qui leur livre un portrait sans concession. « C’est un danger public, un psychopathe. Il me traite comme une bonniche mais c’est pour ma maman que j’ai peur, elle est fragile et je dois la protéger ». Lorsqu’il est entendu, Christian a tout de même 0,90g d’alcool par litre de sang et minimise les faits. Ce qu’il tente également de faire à l’audience. « J’ai dû mettre une claque deux ou trois fois… » « Par semaine ? », questionne le président. Il reconnaît que l’alcool ne lui réussit pas et dit être abstinent depuis les faits. Ce que corrobore sa compagne, présente au tribunal : « Depuis qu’il est soigné, il n’y a plus de violence ».
Illustration des violences conjugales
Pour le procureur, cette affaire est l’illustration des campagnes menées contre les violences au sein du couple.
Elles craignent son retour mais se refusent à dénoncer, à témoigner, à aller voir un médecin par peur des représailles, ce qui fait qu’on en est toujours au même point.
Il salue au passage la pertinence du travail des gendarmes. « Même si nous avons devant nous quelqu’un de repentant, il doit être sanctionné ».
Christian écope de 12 mois de prison avec sursis assortis de 24 mois de mise à l’épreuve et injonction de poursuivre les soins entrepris. La fréquentation des débits de boisson lui est interdite.
*Prénoms d’emprunt.