« Ici tout semble plus compliqué, il y a des villes où c’est moins compliqué. » Captée lors de la réunion publique organisée dans le Grand Centre de Cergy (Val-d’Oise) en décembre dernier, la formule dit le profond désarroi qui traverse une partie des habitants de l’ex-préfecture face aux remèdes proposés par la mairie de Cergy et l’agglomération cergypontaine pour faire reculer insécurité, mendicité et saleté.
L’agglo a un plan
Dans le cœur de l’agglomération cergypontaine, vouée à se renouveler pour devenir une vitrine moderne et séduisante du territoire aux 13 communes, insécurité et saleté sont une triste réalité. Itou pour la mendicité, liée à la présence de Roms et de Sdf dans le quartier.
Alors que faire ? Comment agir pour rendre les lieux plus sûrs ? Comment arracher à la rue ceux qui ont élu domicile sur la dalle préfecture et ses abords ? Comment enfin rendre plus propre un environnement qui ternit l’image du centre névralgique de Cergy-Pontoise ? Les riverains, les commerçants aussi, aimeraient qu’enfin une solution se dessine.
À l’agglomération de Cergy-Pontoise, on dit avoir pris toute la mesure des tourments du Grand Centre, périmètre qui relève de la compétence de l’intercommunalité. Le vent nouveau qui souffle sur l’ex-préfecture doit permettre de balayer ces affres. Pas question de requalifier en profondeur l’épicentre de l’ex-Ville nouvelle et de dissimuler sous le tapis ses failles.
Dans les six mois, une action forte sera lancée par l’agglomération cergypontaine.
L’agglo se sent responsable de tout ça, assume son président, Dominique Lefebvre (Dvg). Le projet Grand Centre dans lequel nous sommes engagés prend en compte toutes ces problématiques. L’opération de renouvellement doit permettre d’y répondre. Je n’ai jamais nié les problèmes quand ils existaient et la perception qu’ont les habitants de ces nuisances. Je rappelle toutefois que lorsque je suis devenu maire de Cergy (en 1996, Ndlr), nous avions affaire à un phénomène de bandes qui s’affrontaient aux 3-Fontaines. Aujourd’hui, on a des rassemblements derrière le Carreau de Cergy et dans le secteur de la gare en raison de recoins qui nécessitent de reconfigurer les lieux. On va mettre en place un dispositif de sécurité publique et de traitement social, on fera sans doute appel à un opérateur privé pour gérer tout cela. Mon éthique n’est pas de prendre un arrêté anti-mendicité, il faut un accompagnement social. »
Toilettes publiques
La question de la propreté ? L’agglo jure ne pas s’en laver les mains.
On a un plan complet, annonce Dominique Lefebvre. Tout le mobilier urbain va être changé, on va installer des nouvelles poubelles équipées de cendriers. Pour que les murs ne servent plus d’urinoir, on va mettre en place des toilettes publiques gratuites avec lavage automatique ainsi que deux ou trois pissotières dans les recoins où certains ont l’habitude d’uriner. »
Enfin, dernier chapitre de ce changement annoncé : la dalle sera bientôt entièrement rendue aux piétons et seulement aux piétons. Exit tous les véhicules motorisés comme les camions de livraison. Seuls les véhicules de secours auront droit d’accès.
C’est une mesure radicale, la circulation sera complètement interdite, notamment pour des raisons de sécurité que partagent le préfet, confie le patron de l’agglo. On ne peut plus laisser des véhicules évoluer sur un espace piétonnier. »
Pour que cette interdiction ne favorise pas très rapidement l’éclosion de nids de décharges à ciel ouvert, une précollecte des déchets auprès des immeubles et des commerces sera organisée par l’agglo. Les monte-charges, hérités des premières heures de l’ex-Ville nouvelle, reprendront du service afin d’assurer une partie des livraisons. Quand la dalle préfecture a faim de propreté.
Jean-Paul Jeandon : « On a quatre actions en cours »
Depuis la réunion publique de décembre, Jean-Paul Jeandon, le maire Ps de Cergy, assure ne pas être resté les bras ballants. « On a quatre actions en cours. J’ai écrit au préfet afin d’organiser une réunion sur l’insécurité. J’ai, comme annoncé, obtenu qu’une rencontre entre les habitants et le commissaire de Cergy ait lieu mi-février (lire ci-dessous). Une réunion doit également être mise sur pied avec les bailleurs qui gèrent les parkings où on a une présence d’individus qui créent des problèmes. Enfin, on envisage d’interdire la vente d’alcool dans le périmètre de la gare. »
« La mendicité est un problème plus complexe, poursuit le maire de Cergy. On travaille en amont sur les aspects sociaux avec la préfecture. Mais il faudra sans doute conjuguer ce traitement social avec une évolution de la gestion des espaces publics que sont la rue des Galeries et le mail des Cerclades. On réfléchit à une gestion privée, c’est un travail qui doit être mené par l’agglo et Hammerson. Je comprends le sentiment d’insécurité des habitants et leur exaspération mais prendre un arrêté anti-mendicité est illégal et ça n’est pas opératoire. Les questions de proximité sur le Grand centre sont une priorité. Sur la propreté des espaces publics, ça s’est amélioré. La place Charles-de-Gaulle est globalement propre. Concernant la mendicité et l’alcoolisation le soir, ça s’est dégradé, on n’avait pas ça il y a deux ans. Mais tout ça n’est pas que du ressort de l’agglo et de la mairie, c’est aussi du ressort des bailleurs et de l’État. »
Les habitants vont rencontrer le commissaire
À l’initiative du maire de Cergy, une réunion se tiendra mi-février entre les habitants du Grand Centre et le commissaire de Cergy. « S’il est invité », le président de l’agglo cergypontaine, Dominique Lefebvre, y participera. Objectif de la rencontre : permettre aux riverains du quartier préfecture de dépeindre au fonctionnaire le climat d’insécurité dans lequel ils disent évoluer. Et dégager des solutions. En décembre dernier, une poignée d’entre eux avait, lors de la réunion publique organisée au Carreau, interpellé le maire de Cergy à ce sujet. Dans la ligne de mire : la vingtaine d’individus avinés qui font la loi dans le secteur de la gare Rer, squattent le passage reliant le hall à la rue des Galeries. Et instaurent une atmosphère de peur.