Dans l’après-midi du samedi 30 juin 2018, à hauteur de Estrées-la-Campagne (Calvados), ce qui n’aurait dû être qu’un banal contrôle routier se transforme en un scénario de violence. Scénario qui a amené l’automobiliste, mardi 29 janvier 2019, devant le tribunal de grande instance de Caen.
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Mardi 29 janvier 2019, c’est pour cinq délits qu’un homme âgé de 34 ans a comparu devant le tribunal de grande instance de Caen : excès de vitesse, conduite sous stupéfiants, rébellion, outrages et menaces de mort à l’encontre de personnes dépositaires de l’autorité publique.
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Les faits datent de juin dernier à Estrées-la-Campagne. De par la personnalité du prévenu, l’audience s’est avérée particulièrement houleuse.
Flashé à 140 km/h au lieu de 90
Flashé par un radar mobile à 140 km/h au lieu de 90, plutôt que d’obtempérer, le conducteur du véhicule accélère. Après une course-poursuite l’interpellation s’avère mouvementée au point de blesser un gendarme.
Sentant l’alcool, l’homme, dans un premier temps refuse l’éthylomètre. Finissant par l’accepter, il se révèle négatif (mais des dépistages ultérieurs le déclarent positif au cannabis).
Dix jours d’incapacité de travail pour le gendarme
Il est très agité, demandant aux gendarmes s’ils n’ont pas autre chose à faire « que de faire chier les gens ». Puis il remonte dans sa voiture et met le contact.
L’un des militaires tente de lui confisquer les clés et se voit saisi par le bras et tiré dans l’habitacle.
Là, le prévenu tente de l’étrangler lui assénant des coups de poing rythmés d’injures et de menaces de mort.
« En campagne, on n’a pas les yeux rivés sur le compteur »
Bilan : dix jours d’incapacité de travail (entorse du poignet et doigt contusionné). Finalement maîtrisé et menotté, l’homme ne se calme ni lors du transport ni en garde à vue.
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De toute évidence, depuis les faits, l’automobiliste n’a pas décoléré. En témoigne son comportement à l’audience. S’il reconnaît l’excès de vitesse, « en campagne on n’a pas les yeux rivés au compteur », il conteste tout le reste.
La théorie du complot
« Quand j’ai entendu la sirène, j’ai cru que c’était les pompiers. J’ai accéléré pour ne pas les gêner ». Il n’a pas frappé le gendarme ; il a juste « serré son cou pour le calmer ».
Puis, il parle de complot à son encontre :
Depuis que j’ai été condamné [NDLR : 6 mentions dans son casier judiciaire] toutes les gendarmeries du Calvados ont mon numéro de portable ! Ils se passent le mot pour me pourrir la vie. La preuve qu’ils me suivent, s’ils ne m’avaient pas arrêté, je ne serais pas là ! Y’a plus de logique en France ! »
L’expertise psychiatrique le décrit intelligent, ne souffrant d’aucune pathologie caractérisée mais toutefois immature et impulsif, avec des éléments paranoïaques dans sa personnalité.
La procureure déplore que, pour une simple contravention, il y ait eu une avalanche d’infractions.
Il crie au complot, mais c’est tout de même bien la dangerosité de son comportement qui l’a amené à cette audience ».
Six mois ferme sont requis.
Prison ferme requise
L’homme de 34 ans écope de 12 mois de prison dont 6 mois ferme (possiblement aménageables) assortis de 24 mois de mise à l’épreuve, d’une amende de 300 €, d’une suspension de 8 mois de permis avec exécution provisoire.
Il a injonction de soins psychiatriques. Il devra verser 500 € de préjudice moral à chacune des victimes. S’y ajoutent 500 € d’expertise médicale pour le gendarme blessé et 800 € de provision avant le renvoi sur intérêts civils.
Hors de lui, l’automobiliste a quitté la salle en bousculant les deux victimes présentes à l’audience, comportement noté par la greffière à la demande du juge.