C’est depuis sa maison troglodyte, à Lunay, près de Montoire-sur-le-Loir dans le Loir-et-Cher, que Jonathan Kern – Anglais – gère son entreprise spécialisée dans la fabrication de décors de nacre… installée en Chine.
Du journalisme au coquillage
L’histoire débute il y a quinze ans. À l’époque, Jonathan est rédacteur en chef à Londres.
Je suis allé en Chine avec un vieil ami de la fac. Il m’a emmené visiter le sud du pays et là, au bord du lac Poyang, nous avons visité un petit camion spécialisé dans la décoration d’objets avec de la nacre.
Impressionné par le rendu final, il veut alors « en acheter pour décorer ma salle de bain à Londres, qui était en travaux ».
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Sauf que, la passion prend le dessus. Douze jours plus tard, après des heures de discussions avec les artisans locaux et surtout, avec pas mal d’audace, il prend une décision radicale.
J’ai décidé de vendre mes journaux et de réinvestir cet argent dans le commerce de la nacre. J’ai senti qu’il y avait une histoire. J’ai décidé de tout faire pour que ça marche.
« On a acheté des machines en Italie »
C’est ainsi qu’est née l’entreprise Shell Shock Designs.
Il n’en fait pas mystère : les débuts ont été assortis de nombreuses heures de travail. Il rachète la petite entreprise chinoise. Son ami devient son associé.
On est allés chercher les meilleures machines en Italie et en Suisse qui permettent de fabriquer des mosaïques. Et nous avons créé notre usine là où j’ai rencontré les artisans la première fois. Le lac Poyang est le plus grand lac d’eau douce du pays et là-bas, il y a une forte tradition autour du travail de la nacre.
Aujourd’hui, l’entreprise emploie entre 200 et 300 salariés sur place.
Le créneau du luxe
Des échantillons de mosaïques de nacre, il en possède des dizaines. Ses premiers clients se trouvent en Chine puis, assez vite, il démarche une clientèle européenne et américaine.
Le bouche-à-oreille et les démarchages intensifs de Jonathan Kern finissent par produire leur effet. La machine s’emballe. Jonathan Kern se positionne d’emblée sur le créneau du luxe.
C’est un marché très riche, très haut de gamme car la matière première est fragile. Ce sont des coquillages et nous n’en utilisons qu’une partie. Je pense que peut-être seulement 1 % de la population peut se permettre d’acheter nos produits.
Il travaille avec 80 pays différents
Dans ce 1 %, Jonathan Kern cite, pêle-mêle, Madonna, Mick Jagger, des propriétaires de yachts à Monaco,
des mannequins, des princes, des rois, des Gouvernements. On a par exemple fait l’intérieur de piscine pour les Jeux olympiques à Londres. Nous travaillons aussi pour des restaurants, des salles d’attente d’aéroport. J’ai aussi travaillé pour un château privé ici en Vallée du Loir mais je n’ai pas le droit de dire où.
Souriant, il ajoute, l’air un peu surpris. « C’est fou non ? J’adore mon métier, c’est fabuleux de se dire que tout ça est parti d’une visite en Chine. À chaque fois que nous sommes contactés par de nouveaux clients, je suis heureux comme un gosse dans un magasin de bonbons. »
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Le Brexit : « Je n’ai rien compris à ce vote »
Depuis ses débuts, l’entreprise a bien grandi. Les bureaux principaux se trouvent à Londres où travaillent une dizaine d’employés.
Jonathan, lui, a mis les voiles il y a bientôt trois ans. Cap sur la Vallée du Loir.
Je suis francophile et je connaissais la région grâce à un ami. Je suis tombé amoureux de cette maison. Et puis, il y a eu le Brexit. Je n’ai rien compris à ce vote. J’ai perdu 18 % de ma société à cause de ça. J’ai décidé de partir, c’est comme ça que je suis arrivé à Lunay.
Désormais, c’est donc depuis son domicile qu’il gère ses activités. En lien avec 80 pays différents.
Pratique : site internet : www.shellshockdesigns.com