Placé en détention provisoire le 31 janvier 2019, un homme de 29 ans originaire d’Alençon (Orne) a demandé, mardi, sa mise en liberté, devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Caen (Calvados). L’homme est soupçonné d’avoir participé à une très violente rixe, le 27 novembre 2018, dans le quartier de Perseigne.
Une vidéo sur Snapchat met le feu aux poudres
Ce jour-là, deux hommes originaires de la région parisienne ont été roués de coups par une dizaine de personnes, peu avant 14 h, devant le centre social Paul-Gauguin.
Dans une vidéo diffusée sur Snapchat seulement quelques heures avant leur voyage dans l’Orne, les deux victimes avaient eu « l’idée lumineuse » de narguer et de provoquer les habitants du quartier : « Alençon, on arrive », « on va enculer vos grands-mères ».
Seulement, sur place, « il y avait du monde pour les accueillir », a constaté Fabienne Roze, durant l’audience. A vrai dire, les deux hommes sont tombés « dans un véritable guet-apens », a résumé l’avocat général. « Leur voiture a été prise en tenaille par trois véhicules », parmi lesquels figure celui de l’homme mis en examen pour violences aggravées.
Frappés et gazés
Sortis manu militari de leur Renault Kangoo, les deux occupants ont ensuite été frappés et gazés pendant que l’un de leurs agresseurs filmait la scène. L’un d’eux s’est même vu délivrer 45 jours d’ITT. « Cette affaire intervient dans un contexte de défis et de surenchères verbales qui sont lancés de quartier à quartier », a résumé la représentante du ministère public, qui s’est opposée à la mise en liberté de l’intéressé, dont le nom figure dans un autre dossier très chaud.
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Condamné à treize reprises, l’homme est en effet mis en cause dans le meurtre d’un migrant de 28 ans, tué par balle, le 1er août 2018. Fustigeant son implication dans cette « véritable chasse aux Afghans », l’avocat général a dénoncé son « influence détestable » dans le quartier.
Le magistrat craint notamment qu’il fasse pression sur les témoins de la scène, dont la plupart ont refusé de signer leurs déclarations devant les enquêteurs.
Dans le quartier personne n’ose parler
« Dans le quartier, personne n’ose parler », a confirmé Agnès Quantin, la présidente de la chambre de l’instruction.
Avec l’exploitation des images de vidéosurveillance, les témoignages des deux victimes ont permis d’identifier huit agresseurs présumés, dont cinq ont été placés en détention provisoire. L’un d’eux avait été interpellé seulement quelques heures après les faits, « les mains ensanglantés ».
Arrivé, selon lui, par hasard sur le lieu de la rixe, le prévenu était, quant à lui, sorti de sa voiture armé d’une bombe lacrymogène, « par précaution ».
Dans sa plaidoirie, son avocate a fustigé « l’interprétation unique » faite des vidéos récupérées auprès des témoins de la rixe. « A aucun moment il n’est reconnu par les victimes comme l’un des agresseurs », a insisté le conseil, qui a demandé la mise en liberté de son client.
Une demande refusée par la chambre disciplinaire, qui a donc maintenu l’intéressé derrière les barreaux avant un éventuel procès devant le tribunal correctionnel d’Alençon.
BM (PressPepper)