A la barre du tribunal correctionnel de Périgueux, seule la victime s’est présentée, assistée de son avocat Me Clément Lambert. Le présumé coupable n’a pas daigné répondre à la convocation, ni se faire défendre. Dans le prétoire, se juge une affaire de rugby avec violence caractérisée.
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Pour un match qui aurait du être comme un autre, de Fédérale 3, où ce jour-là, le dimanche 3 décembre, entre Nontron et Monflanquin, un joueur dordognot a disjoncté lors d’une bagarre, en assénant, par derrière et par surprise, un foudroyant coup de poing à Thibaud Cassang, joueur lot-et-garonnais. Le trois quart s’est effondré, touché sévèrement à l’œil droit. Une séquence effrayante pour tous les témoins de la scène, la victime étant conduite d’urgence à l’hôpital de Limoges.
Un an s’est écoulé, Thibaud Cassang n’a jamais repris le rugby, et pour cause, il a perdu l’acuité de la vue, après avoir subi deux opérations et consulté des spécialistes. Cette affaire bien trop grave a donc été traduite devant un jugement pénal.
« Une sanction exemplaire »
Thibaud Cassang – frère aîné de Charlie, joueur pro à l’ASM Clermont Auvergne – attendait le verdict avec impatience. Dans son réquisitoire, le procureur de la République avait réclamé 6 mois de prison ferme. L’absence du fautif, ses antécédents judiciaires, expliquent sans doute la peine prononcée: le tribunal est allé au-delà en doublant la peine, en le condamnant à 12 mois de prison ferme et à une interdiction de pénétrer dans une enceinte sportive pendant 5 ans.
L’avocat Me Lambert, qui s’occupe de défendre par ailleurs les intérêts du RC Toulon, s’est exprimé à l’issue de l’audience: « c’est une sanction exemplaire pour un acte lâche qui prive mon client de sa passion ».
La FFR avait été clémente
Soulagé, Thibaud Cassang, âgé aujourd’hui de 28 ans, évite de revenir dans de petits stades. « C’est pour moi trop dur d’y remettre les pieds. Le rugby s’est arrêté brutalement. Mes habitudes de vie ont changé. Je mets des lunettes de soleil. La luminosité est insupportable. Je me protège les yeux. »
Et de souligner le manque de courage de son agresseur: « il n’est même pas venu à l’audience. Je le regrette profondément. Car, j’ai bien reçu une lettre de sa part, après les faits, mais pour moi, elle manquait de sincérité. »
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Le plus insensé dans l’histoire, c’est que l’agresseur pratique toujours son sport, licencié au CS Nontron Périgord-Vert. La commission de discipline de la FFR avait « seulement » sanctionné le joueur sur une période de 3 mois. Dérisoire en comparaison avec le verdict du tribunal correctionnel de Périgueux.