Les supermarchés ne sont pas les seuls à souffrir des blocages des gilets jaunes. Si en Sarthe peu de débordements sont à déplorer, le mouvement fait malgré tout des victimes collatérales. Rencontre à La Flèche.
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Ce 17 novembre 2018, tandis que des gilets jaunes bloquent la route à gauche et à droite de son établissement, le patron d’un commerce de bouche se désole.
« Le samedi, c’est ma plus grosse journée. Il est 10 heures, et on a servi deux clients. C’est catastrophique. Aujourd’hui, on va perdre 10 000 euros ».
Et puis il détaille rapidement : marchandise, salaires, charges diverses… l’addition est lourde.
Victime de la proximité de son magasin avec un supermarché
Avec sa femme cela fait six mois qu’ils ont lancé l’activité. Dans sa voix on entend la colère et le dépit. Son magasin fait face à un supermarché dont les accès sont bloqués par les manifestants.
« Lors de la réunion d’information, ils m’avaient assuré que mon commerce ne serait pas affecté, mais les voitures ne peuvent pas accéder à mon parking. »
Les étals sont vides, un employé place de la marchandise sous vide. « Nous vendons des produits frais. On en conserve, on va en transformer mais ce n’est pas les mêmes marges. Et puis je vais devoir en jeter. »
Licenciement ?
Il évoque déjà le possible licenciement de l’un des trois salariés.
Eux, mine défaite, rangent le matériel, font des allers retours vers les frigos. L’un passe la tête par la porte de service, avec à la main un balai. Un « bonjour monsieur » s’échappe de ses lèvres.
Sacrifice
Le jeune patron a tenté de négocier avec le groupe de gilets jaunes.
« Il a proposé de nous nourrir gratuitement si on laissait le passage libre, mais c’est exclu. On veut bloquer la grande surface et lui il est à côté. On est désolé pour son sacrifice », constate un technicien informatique.
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Ce dernier tient l’un des barrages et a même amené une pleine remorque de bois pour alimenter les braseros autour desquels les manifestants discutent entre eux, les mains tendus vers les flammes.
Gendarmes
En désespoir de cause, le commerçant s’est tourné vers les gendarmes qui surveillent le rassemblement, pas trop près, mais pas trop loin non plus. « Ils m’ont expliqué que je devais faire constater les faits par un huissier ».
Il a suivi leur conseil, tout comme les patrons des supermarchés voisins.
Justice
Reste une inconnue, à qui la justice adressera-t-elle ses convocations ?
Ce mardi 20 novembre au soir, les accès à son commerce sont toujours bloqués.