Le couple, à son compte depuis 1978, l’année de son mariage, avait d’abord ouvert un dépôt à Maël-Pestivien, puis une cave à Rostrenen au début des années 80.
Catherine et Philippe se sont installés à Callac en avril 1986. Dans l’ancienne tuerie de volailles, devenue VB, avant que celui-ci déménage à Casino. Dans ce vaste bâtiment, les époux Petitpain ont installé leur entrepôt et aménagé un espace boutique, décoré par les soins de Madame.
« Je suis allé chercher de la Kro à Brest »
« Nous avons débuté avec le vin. A l’époque nous faisions la vente à la chine avec les tournées du marchand de vin au fourgon. » Puis l’entreprise a développé petit à petit la bière. « Le déclic, c’est quand j’ai fait la Kro. Les clients en voulaient mais personne ne voulait m’en vendre dans le secteur, il a fallu que j’aille à Brest en chercher », se souvient Philippe. Pas facile non plus pour lui d’obtenir le Père Benoit, « les Callacois m’en réclamaient », alors qu’à Maël-Pestivien les gens préféraient le Dom Remy. On se souvient du Saint-Hubert aussi !
Avec l’art qu’il a de raconter des histoires, Philippe évoque avec bonheur cet événement de 1987 : « J’avais récupéré un petit stand avec une machine qui tirait trois litres à l’heure… C’était les débuts de la bière pression. C’était juste pour rigoler au départ, mais tout le monde s’est retrouvé autour du stand. Tout le monde voulait de la pression dans les fêtes locales, c’est parti de ma petite machine ! »
Philippe, 500 noces et 500 festoù-noz
Les Petitpain n’ont pas travaillé avec les gros groupes de boisson, « même si c’est difficile de faire sa place face à l’artillerie lourde ». Ils ont, par exemple, « réussi à trouver un bon fournisseur de bière qu’on importe de Belgique. On travaille avec eux depuis plus de 20 ans. » La zone de chalandise de la société s’étend sur une trentaine de kilomètres autour de Callac. La moitié des ventes s’effectue sur place à la boutique, le reste est livré aux professionnels, associations, collectivités… « L’activité n’a cessé de croître et elle continue de se développer. Nous faisons un chiffre d’affaires de 500 000 € et nous enregistrons des progressions à deux chiffres depuis le début de l’année », souligne le patron.
Un patron callacois qui a sillonné les quatre coins de l’Argoat durant toute sa vie et qui connaît presque tout le monde dans le pays. « J’ai commencé à bosser à 16 ans. J’étais apprenti charcutier au Ty Bara Bihan (Petitpain, l’actuel Maronniers), dans l’entreprise des parents. Et puis j’ai joué de la musique un peu partout ». Philippe, sonneur de cornemuse, a animé 500 festoù-noz et à peu près autant de noces. « J’ai marié plein de gens ici et j’ai aussi gagné quatre concours fisel et plinn ! » sourit-il.
Ils voulaient transmettre leur affaire
Si l’heure de prendre du recul a sonné pour Catherine et Philippe Petipain, ils sont heureux d’avoir pu transmettre leur affaire. Ils resteront auprès de la repreneuse quelques mois encore, « en accompagnement jusqu’à la foire de Kérien, à l’automne prochain », précisent-ils. Sans oublier de rappeler le temps fort annuel qui approche : la foire aux vins du 23 avril : « 600 personnes font le déplacement chaque année et il y a de l’ambiance à la gare ! », assure Philippe, en bon VRP.
Catherine, l’énergie au service de la vie locale
Beaucoup d’émotion aussi pour sa femme, Catherine, qui va quitter le dynamique comité des commerçants callacois. Elle l’anime depuis trente ans, en temps que trésorière mais également bras droit du président Francis Guillerm. « Je ne désire plus continuer », assure celle qui est aussi membre de la Chambre de Commerce et d’Industrie et vice-présidente du Centre de Gestion.
L’heure est venue pour les deux marchands de vins callacois de dire « merci aux 200 comités et associations, ainsi qu’au millier de particuliers qui nous ont fait confiance. Merci à toute la clientèle dont la philosophie a toujours été de dire que tant qu’on trouvera des choses à Callac on n’ira pas faire nos courses ailleurs ».